Comme le dit Eléonore, c’est le 3ème vrai choc de notre voyage, après les baleines de la Peninsula Valdès et le parc du Torres del Paine (nous avons une discussion interne pour savoir si le Bosque Petrificado a été « magnifique » ou « un choc » - à vous de juger selon les photos !).
Maison de Neruda à Valparaiso |
Valparaiso est une ville magique, avec une ambiance à la fois nonchalante et sur-active. Nous sommes immédiatement retournés à Gênes en y arrivant : la mer, le port industriel, les petits coins pour les pêcheurs à quelques encablures (Boccadasse à Gênes, Quintay ici), les collines qui surplombent tout cela, avec leurs maisons défraichies… Le Lonely Planet disait que Valparaiso réveillait l’âme du photographe cachée en nous, c’est bien vrai… Pardon pour les multiples photos de maisons de couleur que je vais poster, mais Valparaiso, c’est surtout cela. Nous y passerons nos journées à déambuler, à monter (souvent dans les funiculaires décatis) ou à descendre (parfois sur les dents pour Jeanne et Joseph !), à regarder les murs et la mer, à chercher les ouvertures dans les ruelles et à imaginer comme la vie doit y être agréable, en passant d’une terrasse à une autre. Il y a une vraie volonté de préserver cette spécificité, les maisons sont rénovées à l’ancienne ou transformées en café ou restaurant tel quel, avec mobilier et papier peint des années 50. Le tout dans une ambiance artistique passionnante : des tags partout, des peintres, des galeries… On comprend pourquoi Neruda avait aussi choisi d’y résider : nous y visitons la deuxième de ses trois maisons, la vue est plus haute qu’à Isla Negra, mais le Pacifique entre par toutes les fenêtres, avec la ville et ses 42 collines (Rome peut bien se tenir…) en premier plan.
Tuga, le clown |
Joli clin d’œil pour Joseph après son année à l’école du cirque : en rentrant d’une longue journée de balade, nous tombons sur un clown de rue extraordinaire, Tuga (allez voir www.tuga.cl), qui ameute 300 personnes à un carrefour avec un simple sifflet. Le public est totalement sous le charme, le clown (dé)règle la circulation, et nous hurlons de rire pendant une bonne demie-heure. Un génie, d’ailleurs célébré par Géraldine Chaplin qui dit retrouver son père en lui.
Nous bivouaquons sur un parking bien gardé, devant l’entrée du port militaire : les carabineros chiliens nous avaient indiqué le coin, le reste de la costanera (les allées qui longent la mer) étant peu fréquentable à la nuit tombée. Nous allons d’ailleurs y rencontrer une famille franco-suisse avec deux petites filles, Norah et Lucie, dans un camping-car 4x4 : nouveau dîner « à la maison » et échange de bons plans (il paraît qu’il y a un excellent restau de fondues savoyardes à La Paz !)
Nous y passerons 2, puis 3 puis finalement 4 nuits, et nous aurons bien du mal à la quitter – départ trop tardif d’ailleurs puisque nous arriverons à Santiago, pourtant seulement à 120 km de là, à la nuit tombante, sans point de chute et avec un GPS très inspiré par le vent d’anarchie de Valparaiso… Nous finirons discrètement garés derrière l’ambassade de France ! Un voisin de la rue en profite pour prendre contact avec nous à travers le blog.
C’est décidé, Valparaiso fait partie, avec Rome, Venise et Ventiane, de la liste des villes où nous aimerions venir passer 6 mois… à la différence de Santiago, capitale agréable mais sans véritable intérêt, du moins nous a-t-il semblé. C’est donc en jouant les touristes pressés que nous la visiterons – la troisième et dernière maison de Neruda (il est mort avant de faire construire la 4ème qui promettait pourtant d’être extraordinaire) elle-même nous laisse un peu sur notre faim, mais le guide, pourtant peu disert, nous éclaire sur le contexte politique et historique chilien.
Joseph Super Mario |
Nous nous mettons en quête d’un imprimeur pour nos cartes de vœux, et Joseph en profite pour faire du gringue à la vendeuse : nous étions en réalité dans une imprimerie de T-shirt, dans la quelle un Super Mario le faisait rêver. Après moultes clins d’œil, tirades en espagnol et sourires aguicheurs, il obtient gain de cause : Pilar, la vendeuse, lui imprime Mario sur son T-shirt – il revient fier comme Artaban, et nous dit, sans vergogne : « c’est parce que je sais bien faire le charme… ».
Bonne nouvelle sur Hotmail : Henri Bonnet, notre ami astrophysisicen, sera de passage au Chili dans quelques jours et il va pouvoir nous faire visiter l’observatoire du Mont Paranal où il retourne travailler : il faut donc que nous filions vers le nord. Nous quittons Santiago après deux jours – pas mal de route en perspective pour les jours suivants, il y a 1200 km jusqu’à l’observatoire.
Nous passerons deux nuits à La Serena, sur la plage, malgré les remontrances de carabineros, où nous faisons un petit break au restaurant après une grosse journée de CNED, avant d’enchaîner avec un mémorable spectacle de flamenco (sur My Way de Sinatra !!!), sans doute le spectacle de fin d’année de la patronale du coin !!! Très drôle, très mauvais, mais très touchant et très travaillé aussi…
La tête cassée |
Nous filons donc, toujours vers le Nord. Depuis Santiago, le paysage a de nouveau complètement changé : nous sommes entrés dans le désert de l’Atacama, dont les couleurs sont incroyables. Surprise : le désert entier semble balisé par les archéologues et les compagnies minières. Dernière anecdote : nous passons une journée (le 22 janvier) à Bahia Inglesa, minuscule village de vacanciers devant une eau turquoise et surtout calme – jusqu’à présent, les rouleaux du Pacifique rendait toute tentative de baignade impensable. La plage est petite, mais égayée de jolis rochers, bien pointus, qui ont la mauvaise idée de se précipiter sur la tête de Joseph – bilan, une petite heure aux urgences (nous sommes super bien reçus) et deux points de suture.
Nous rigolons bien sur la plage avec le gymnase ambulant installé sous tente, avec prof d’aérobic, musique techno et petites dames moulées suant sur leurs vélos d’appartement ! Sans oublier, pour la suite, les massages, le drainage lymphatique ou la pédicure, toujours sur la plage – le ridicule ne tue décidément plus !
Il nous reste quelques jours à passer au Chili, autour de San Pedro de Atacama, où nous espérons retrouver Pauline et découvrir les sites merveilleux des alentours, avant de passer en Bolivie – côté route, nous avons sûrement mangé notre pain blanc, les routes boliviennes seront moins reposantes…