lundi 24 janvier 2011

Valparaiso...


Comme le dit Eléonore, c’est le 3ème vrai choc de notre voyage, après les baleines de la Peninsula Valdès et le parc du Torres del Paine (nous avons une discussion interne pour savoir si le Bosque Petrificado a été « magnifique » ou « un choc » - à vous de juger selon les photos !).
Maison de Neruda à Valparaiso
Valparaiso est une ville magique, avec une ambiance à la fois nonchalante et sur-active. Nous sommes immédiatement retournés à Gênes en y arrivant : la mer, le port industriel, les petits coins pour les pêcheurs à quelques encablures (Boccadasse à Gênes, Quintay ici), les collines qui surplombent tout cela, avec leurs maisons défraichies… Le Lonely Planet disait que Valparaiso réveillait l’âme du photographe cachée en nous, c’est bien vrai… Pardon pour les multiples photos de maisons de couleur que je vais poster, mais Valparaiso, c’est surtout cela. Nous y passerons nos journées à déambuler, à monter (souvent dans les funiculaires décatis) ou à descendre (parfois sur les dents pour Jeanne et Joseph !), à regarder les murs et la mer, à chercher les ouvertures dans les ruelles et à imaginer comme la vie doit y être agréable, en passant d’une terrasse à une autre. Il y a une vraie volonté de préserver cette spécificité, les maisons sont rénovées à l’ancienne ou transformées en café ou restaurant tel quel, avec mobilier et papier peint des années 50.  Le tout dans une ambiance artistique passionnante : des tags partout, des peintres, des galeries… On comprend pourquoi Neruda avait aussi choisi d’y résider : nous y visitons la deuxième de ses trois maisons, la vue est plus haute qu’à Isla Negra, mais le Pacifique entre par toutes les fenêtres, avec la ville et ses 42 collines (Rome peut bien se tenir…) en premier plan. 
Tuga, le clown
Joli clin d’œil pour Joseph après son année à l’école du cirque : en rentrant d’une longue journée de balade, nous tombons sur un clown de rue extraordinaire, Tuga (allez voir www.tuga.cl), qui ameute 300 personnes à un carrefour avec un simple sifflet. Le public est totalement sous le charme, le clown (dé)règle la circulation, et nous hurlons de rire pendant une bonne demie-heure. Un génie, d’ailleurs célébré par Géraldine Chaplin qui dit retrouver son père en lui. 
Nous bivouaquons sur un parking bien gardé, devant l’entrée du port militaire : les carabineros chiliens nous avaient indiqué le coin, le reste de la costanera (les allées qui longent la mer) étant peu fréquentable à la nuit tombée. Nous allons d’ailleurs y rencontrer une famille franco-suisse avec deux petites filles, Norah et Lucie, dans un camping-car 4x4 : nouveau dîner « à la maison » et échange de bons plans (il paraît qu’il y a un excellent restau de fondues savoyardes à La Paz !)
Nous y passerons 2, puis 3 puis finalement 4 nuits, et nous aurons bien du mal à la quitter – départ trop tardif d’ailleurs puisque nous arriverons à Santiago, pourtant seulement à 120 km de là, à la nuit tombante, sans point de chute et avec un GPS très inspiré par le vent d’anarchie de Valparaiso… Nous finirons discrètement garés derrière l’ambassade de France ! Un voisin de la rue en profite pour prendre contact avec nous à travers le blog.
C’est décidé, Valparaiso fait partie, avec Rome, Venise et Ventiane, de la liste des villes où nous aimerions venir passer 6 mois… à la différence de Santiago, capitale agréable mais sans véritable intérêt, du moins nous a-t-il semblé. C’est donc en jouant les touristes pressés que nous la visiterons – la troisième et dernière maison de Neruda (il est mort avant de faire construire la 4ème qui promettait pourtant d’être extraordinaire) elle-même nous laisse un peu sur notre faim, mais le guide, pourtant peu disert, nous éclaire sur le contexte politique et historique chilien.
Joseph Super Mario
Nous nous mettons en quête d’un imprimeur pour nos cartes de vœux, et Joseph en profite pour faire du gringue à la vendeuse : nous étions en réalité dans une imprimerie de T-shirt, dans la quelle un Super Mario le faisait rêver. Après moultes clins d’œil, tirades en espagnol et sourires aguicheurs, il obtient gain de cause : Pilar, la vendeuse, lui imprime Mario sur son T-shirt – il revient fier comme Artaban, et nous dit, sans vergogne : « c’est parce que je sais bien faire le charme… ». 

Bonne nouvelle sur Hotmail : Henri Bonnet, notre ami astrophysisicen, sera de passage au Chili dans quelques jours et il va pouvoir nous faire visiter l’observatoire du Mont Paranal où il retourne travailler : il faut donc que nous filions vers le nord. Nous quittons Santiago après deux jours  – pas mal de route en perspective pour les jours suivants, il y a 1200 km jusqu’à l’observatoire.
Nous passerons deux nuits à La Serena, sur la plage, malgré les remontrances de carabineros, où nous faisons un petit break au restaurant après une grosse journée de CNED, avant d’enchaîner avec un mémorable spectacle de flamenco (sur My Way de Sinatra !!!), sans doute le spectacle de fin d’année de la patronale du coin !!! Très drôle, très mauvais, mais très touchant et très travaillé aussi…

La tête cassée
Nous filons donc, toujours vers le Nord. Depuis Santiago, le paysage a de nouveau complètement changé : nous sommes entrés dans le désert de l’Atacama, dont les couleurs sont incroyables. Surprise : le désert entier semble balisé par les archéologues et les compagnies minières. Dernière anecdote : nous passons une journée (le 22 janvier) à Bahia Inglesa, minuscule village de vacanciers devant une eau turquoise et surtout calme – jusqu’à présent, les rouleaux du Pacifique rendait toute tentative de baignade impensable. La plage est petite, mais égayée de jolis rochers, bien pointus, qui ont la mauvaise idée de se précipiter sur la tête de Joseph – bilan, une petite heure aux urgences (nous sommes super bien reçus) et deux points de suture.

Nous rigolons bien sur la plage avec le gymnase ambulant installé sous tente, avec prof d’aérobic, musique techno et petites dames moulées suant sur leurs vélos d’appartement ! Sans oublier, pour la suite, les massages, le drainage lymphatique ou la pédicure, toujours sur la plage – le ridicule ne tue décidément plus !

Il nous reste quelques jours à passer au Chili, autour de San Pedro de Atacama, où nous espérons retrouver Pauline et découvrir les sites merveilleux des alentours, avant de passer en Bolivie – côté route, nous avons sûrement mangé notre pain blanc, les routes boliviennes seront moins reposantes…

samedi 15 janvier 2011

Confesso que he vivido… Je confesse que j’ai vécu… (con castellano, e con italiano !)


On comprend assez bien le titre de ce poème de Neruda quand on traverse le Chili.
Nous commençons donc l’année 2011 et notre balade au Chili par le sud et ses paysages alpestres, avec volcans en prime. La région de Pucon est magnifique, le port accueillant, mais le volcan fume au dessus de nos têtes pour nous rappeler la précarité des lieux. Après une petite journée de plage sur le lac, où l’eau est plus chaude que dans le Pacifique, nous partons pour un autre parc national avec la ferme intention de monter au cratère Navidad, à côté du volcan Lonquimay – las ! le chemin est ardu, sablonneux – nous faisons de la godille dans les scories, avec un joli ravin sur le côté gauche ! Petite attaque de vertige, nous décidons de redescendre sagement pour une randonnée dans les bois, au milieu des bambous. Nous ne pourrons pas aller au parc suivant, la route a été coupée par la lave en 2008…
Après avoir laissé Pucon, le sud du pays, ses parcs volcaniques, ses thermes (une petite vallée où se mêlent eau fraiche et eau volcanique, pleine de fleurs exotiques, avec des bassins en ardoise aménagés en cascade, à ciel ouvert, au milieu de passerelles en bois rouge… Une après-midi à Osaka !  on a dû passer à travers une déchirure du continuum spatio-temporel), ses hôtels germaniques avec Kuchen au petit déjeuner et ses paysage bucoliques, nous assurons une transition en douceur en passant par le Pacifique : petite halte à Buchupureo, microscopique village vaguement balnéaire où nous bivouaquons 2 nuits consécutives sur la plage. Journée difficile, jugez plutôt : après une nuit bercée par le ressac (et la musique électro-latino d’un auto-radio de jeunes gens avinés…), les enfants font une balade à cheval sur la plage pendant qu’Eléonore et moi préparons la demi-douzaine de gros crabes sortant de l’eau que nous avons achetés au pêcheur du coin, sur la plage. La sieste est bienvenue, surtout après une autre soirée passée en compagnie d’un couple chilien, Rodrigo et Carolina, à découvrir les effets de la Piscola (pisco et coca, hips…).
Le Chili est un pays de très forts contrastes : nous ne voyons ici que quelques traces du tremblement de terre de mars dernier, Buchupureo en ayant été quasiment l’épicentre, mais la vie continue et les Chiliens sont très fiers de leur reconstruction en cours. Mais Rodrigo et Carolina nous racontent aussi les scènes terribles qui ont suivi le tremblement de terre, alors qu’une crise de panique s’est emparée des habitants pendant quelques jours – on se croirait dans Mad Max, manifestement l’ambiance post-apocalyptique est bien décrite par les écrivains et les cinéastes : pillages, hyper-égoïsme, esprit clanique de ceux qui ont souffert. Il semble que cela ait été un choc pour les chiliens eux-mêmes, si sages et organisés d’habitude, de se découvrir cet autre visage. Leur réaction a cette faute de gout a été exemplaire, car malgré la force de la secousse, les travaux ont été menés tambour battant – un an après, il reste des dégâts sur des maisons comme on le verra plus tard, mais les services publics et tous les moyens de communication sont en parfait ordre de marche. N’oublions pas que la secousse en question a dépassé les 9 sur l’échelle de Richter, contre un « petit » 7 en Haïti où les dégâts sont pourtant bien plus terribles.

Après cette jolie halte, nous repartons, toujours vers le nord (on ne changera pas beaucoup de direction dans les mois à venir !). Nouvelle surprise : nous quittons la Bavière pour la Provence ! La petite cordillère qui longe la grande, le long de la mer, est un pays de cocagne : collines douces, soleil 8 mois sur 12, eau, fleurs, forêts d’eucalyptus, vignes et oliviers… Il y a même des tuiles de terre cuite ! Nous allons donc passer deux autres nuits dans la vallée de Colchagua, à arpenter les vignes (et les caves – nous ne repartons pas les coffres vides… bilan : quelques bouteilles de Montgras et de Araucano, propriété d’un français, François Lurton) dans un paysage que nous adorons même s’il ne nous dépayse pas beaucoup. Le musée de Santa Cruz, plus grand musée privé d’Amérique du Sud, nous enchante et nous donne un avant goût des bijoux et céramiques de toutes les civilisations que nous allons croiser dans les mois à venir : mapuches, nazcas, incas, mayas, olmèques, aztèques etc… La salle des automobiles anciennes séduit les enfants, et nous tremblons dans la salle réservée aux armes, avec une attention particulière portée aux armes nazies – il semble que cela n’ait pas été très difficile de retrouver tout cela au Chili… Il faut dire que le charmant mécène de la région, collectionneur d’art pré-colombien, propriétaire de vignobles, d’hôtels et de casinos dans le coin, est avant tout un sombre marchand d’armes, persona non grata en dehors du Chili. Plus de volcans, mais ça sent quand même le souffre (cela doit être la popote bordelaise des vignes alentours…).
Autre surprise : les dégâts du tremblement de terre sont beaucoup plus visibles ici – non pas sur les infrastructures, excellentes dans tout le pays (on n’ose imaginer comment l’Argentine, ou la France, auraient réagi face à ce cataclysme…), mais dans les villages : églises anciennes et maisons coloniales à foison, construites en adobe (en pisé, briques de terre crue) sont au mieux éventrées. Quelle tristesse… Ce sont 300 ans d’histoire qui s’envolent : le Chili est une terre de secousses, mais sans doute aucune n’avait si directement touché ce petit coin de paradis depuis plusieurs siècles. A Lolol, un village qui a été magnifique, toutes les maisons anciennes sont marquées par un sigle à la peinture fluo « derrumbo 90% - 5/3/2010 – no entrar », et pourtant les habitants sont toujours dedans, préférant leurs ruines aux maisons pré-fabriquées, pas mal d’ailleurs, que le gouvernement, pourtant en pleine transition entre deux présidents,  a fourni en quelques semaines à 300.000 familles – oui, les chiliens ont vraiment de quoi être fiers…
Le vin est bon, les paysages magnifiques, les gens adorables… On comprendra aisément que nous prenions le chemin des écoliers pour rejoindre Valparaiso : après 300 nouveaux kilomètres de route provençale sinueuse (les routes sont excellentes, mais ont un peu tendance à tourner en épingle à cheveux dans une pente à 20%, ce qui nous donne quelques frissons et nous prépare pour la Bolivie…), nous rejoignons de nouveau la côte quelques dizaines de km avant Valparaiso (c’est amusant : dans l’intérieur, chaque village a son plan d’évacuation en cas d’urgence volcanique, et sur la côte, son plan d’évacuation en cas d’alerte Tsunami…). Visite d’une des maisons de Pablo Neruda à Isla Negra dont nous tombons amoureux – 600 m2 de bric à brac, vue directe sur le Pacifique, on peut dire que le poète savait vivre… - avant d’arriver à Quintay-Playa Grande, petit village de pêcheurs extraordinaire : au programme, visite de l’ancienne usine baleinière (un massacre épouvantable), pot au soleil avec crevettes au pili-pili, tout en regardant les garçons du coin faire du surf et jouer avec un lion de mer curieux, et en rigolant devant le tournage d’une scène de télé-novella : le héros et sa fringante bimbo s’embrassent à bouche que veux tu devant les caméras insistantes et les enfants médusés – la très grande classe ! Mais quel bonheur en voyant le fameux rayon vert au coucher du soleil…
Neruda nous a mis quelques jolies phrases en tête qui vont nous accompagner : « regresé de mis viajes, navigué, construyendo la alegria», ou bien « je voudrais faire avec toi ce que le printemps fait aux cerisiers », ou encore « si je n’ai pas ma montre quand je meurs, à qui pourrai-je bien demander l’heure ? »
Neruda a d’ailleurs inspiré les enfants – devinez qui !
Vroum, vroum, c’est le camping car
Vroum, vroum, le voilà qui part
Ça y est on est parti
A Tahiti, vers l’infini,
Quelques larmes au début
Mais on s’y habitue
Beaucoup de gens m’ont dit
Par là, par ci,
« Waouh, quel voyage ! »
Mais j’avais la tête dans les nuages
C’est seulement maintenant
Après un bon bout de temps
Que je m’en aperçois
Et que je crie de joie !

Nous venons d’atteindre Valparaiso dont nous vous donnerons des nouvelles (le premier coup d’œil nous a enchantés, et émus car on se sent à Gênes dont on est si nostalgique), puis Santiago dans quelques jours, avant de filer à San Pedro de Atacama, où nous espérons retrouver Pauline, la marraine de Jeanne et Henri, notre ami astro-physicien, qui sera sur place au même moment.
A bientôt pour la suite des aventures !

Carissimi,
Facciamo un viaggio incredibile… dai volcani del sud de Chile, siamo passati adesso alla regione dei vini (stupendi…) e poi arrivati alla affascinante Valparaiso, sta sera, dove ci sentiamo a casa : ci sembra la Genova de Sud america, e questo ci fa piangere d’emozione tanto ci manca !!! Ogni giorno pensiamo che la casa nostra sta en Italia…
Vi mandiamo dei baci enormi.

Queridos,
Recien llegamos a Valparaiso despues de 2 semanas en el sur de Chile, entre los volcanos de Pucon (Gracias a Aldo !) y los vinos de la valle de Colchagua – son super ricos… Pero vemos muchas huellas del terremoto del ano pasado, y la verdad, estoy muy orgulloso de la ayuda que hemos dado a los colegas de Chillan porque es muy impresionante lo que paso acà… Estamos re bien, viajando con Pablo Neruda, construyendo la felicidad…
Un beso enorme a todos

mercredi 5 janvier 2011

Le pays où naissent la terre et la pluie…

Nous avons laissé le blog la veille de Noël, et nous voilà déjà en 2011… Non pas que les derniers jours aient été si occupés, mais les connexions sont assez rarement libres au Chili.
Nous avons donc passé Noël au parc Torres del Paine, une merveille absolue de la nature dans le grand sud chilien, juste de l’autre côté des Andes, et de la frontière, par rapport au Perito Moreno, le fameux glacier argentin que nous avons déjà visité à plusieurs reprises – cette région du monde est bénie des dieux (et d’Eole en particulier…). Après un réveillon au foie gras à Puerto Natales (désolé les Corbasse, nous ne sommes pas passés par Punta Arenas retrouver les sauveurs du camping-car de l’an passé), nous partons pour le Parc.
Le Torres del Paine nous a accueilli les bras ouverts, sous un ciel presque sans nuage – c’était tout à fait magique  et nous y avons finalement passé deux nuits et pu y faire de belles balades, par deux fois interrompues cependant : à chaque fois, Joseph menaçait de s’envoler, tant les rafales dans les goulets étaient fortes, sans doute autour de 150 kmh car je n’arrivais pas moi-même à garder mon équilibre. La première nuit fut d’ailleurs très agitée, car nous nous sommes garés dans un passage qui paraissait tranquille, mais où le vent s’est levé vers 4h du matin – le camping-car vacillait, Eléonore s’accrochait à son oreiller, les enfants s’étaient tous réunis dans le même lit. Je tâchai de convaincre tout le monde (à commencer par moi-même) qu’il en fallait plus que cela pour renverser un camping-car, mais on n’en menait pas large !
Nous voilà donc repartis pour Puerto Natales pour embarquer sur le ferry Evangelista qui nous emmènera à Puerto Montt, 2000 km plus au nord – pas de chance : une heure avant d’embarquer, alors que nous squattions gentiment un réseau internet, sgroutch. Un rétroviseur nous raie le coffre dans une manœuvre malencontreuse. Je sors pour gronder la petite dame qui s’excuse. 4 secondes après, SGARTCH cette fois ! La même petite dame arrache la moitié du pare-choc arrière. Je m’agace, forcément. Elle ne m’a pas vu, paraît il, parce que son rétroviseur était plié à l’envers !!! Evidemment, elle l’avait plié sur nous !!! Bon, on doit partir, le pare-choc était déjà en sale état, et il reprendra d’ailleurs un coup à la sortie du ferry – quelques rouleaux de scotch feront l’affaire.
Nous nous réveillons le lendemain (mardi 28 décembre) dans un décor en noir et blanc, digne de Robinson Crusoé : le bateau passera 2 jours dans des fjords et des canaux, longeant parfois un glacier, toujours sous un plafond nuageux très bas, dans un silence étonnant. Un souffle de baleine, quelques dauphins viendront rythmer le voyage – nous en profitons pour avancer un peu le CNED des enfants et rencontrer des voyageurs, souvent français, parfois seuls, jeunes, qui prennent du temps pour voyager comme nous à travers l’Amérique du Sud. Nous resterons ensemble d’ailleurs jusqu’au 1er janvier. Le dernier jour du voyage est bien différent : il fait grand soleil et 25° - ça y est, nous pensons enfin être sortis du froid – sous ce soleil, le paysage est très beau, nous longeons les volcans les uns après les autres, cônes blancs sur fonds bleus, ça valait le voyage. Petit rappel, nous avons pris le ferry pour éviter  (non sans regret) la fameuse Carretera Austral et ses 1200 km de « ripio », le mâchefer local qui transforme le camping-car en essoreuse.
A Puerto Montt, nous courons faire les courses du réveillon pour partir immédiatement vers Puerto Varas, 15 km plus au nord, mais sur un lac. Nouveau changement de décor : nous sommes en Bavière ! C’est très étonnant : le paysage est champêtre, très vert, l’architecture clairement allemande, les restaurants proposent du Kuchen et les hôtels s’appellent « Ruf mal an » ou bien « Dein Haus » ! Nous réveillonnons entre français au camping du coin, sous les étoiles (et le soleil levant…), car Eléonore nous a encore fait des prouesses : la mousse au chocolat est à point. Bizarre, le tenancier nous a demandé de libérer l’espace pour 9h le lendemain car il attend du monde – bon, nous ne faisons pas plus attention que cela à ses recommandations. Mais il avait raison ! Dès 7h30 c’est un ballet de voitures et mini-bus qui nous déferlent dessus, les feux des asados du 1er janvier démarrent de tous les côtés, et le camping-car est choisi comme cage pour les terrains de foot improvisés par les gamins. A notre départ vers 15h, il faudra menacer le proprio d’appeler les gendarmes car le camping est archi plein, au bout d’une route en cul de sac, sous une pinède, plein de feux allumés et surtout totalement congestionné par les voitures et les badauds ! Nous avions l’impression d’avoir quitté l’Amérique du Sud depuis quelques jours (tout est ici très organisé), mais ouf, il y a quand même un peu de bazar au Chili ! Après une journée de récupération, nous quittons à regret nos nouveaux amis (le transport de 4 costauds avec gros sac à dos dans le camping-car était assez rigolo) et les enfants pleurent Julie, nouvelle maman de substitution et ostéopathe par la même occasion, qui leur faisait des massages pour garder la main ! Elle nous a convaincu : à notre retour, une séance d’ostéo  par an pour mettre les choses bien en place, ce sera génial.
Nous filons plein nord avec l’idée de passer quelques jours dans les parcs nationaux de la région, à nous promener au milieu des lacs, des volcans et des sources chaudes mais voilà : Pablo Neruda, originaire du coin (l’Araucanie) a défini son pays comme « là où nait la pluie ». Et oui, les deux jours de soleil que nous avons eus n’étaient qu’une petite blague de Dame Nature, il n’arrête pas de pleuvoir, les volcans sont cachés dans les nuages et la campagne hyper verdoyante (la Normandie, en plus vert) sont là pour nous le prouver. Il a même fallu faire appel à deux vaches pour nous tirer d’un mauvais pas ce soir : nous nous étions un peu trop aventurés en terrain meuble, et les 4 roues arrière motrices du camping-car expédiaient des gravillons de pierre de lave au lieu d’avancer ! Quasiment posés sur le châssis, après quelques tentatives infructueuses avec planches et grilles de barbecue en guise de plaques de désensablement, nous avons vu arriver le Père Carot (pour ceux qui s’en souviennent, le vieux paysan à deux dents qui nous vendait cidre et calva à Saint Mars il y a 30 ans…) avec deux vaches reliées par un joug – nous le soupçonnons d’être de mèche avec le proprio du camping qui n’a rien fait pour nous dissuader d’aller si près de l’eau… Tout est bien qui finit bien en tout cas, les vaches font un boulot du tonnerre pour nous sortir de l’embarras !

Plus fort qu'un camion !
Pays donc où nait la pluie mais c’est aussi ici que nait la terre : nous avons ressenti notre première secousse hier après midi. En réalité, sur la route, le camping-car s’est mis à vibrer par deux fois pendant quelques secondes, sous l’effet du vent pensions nous. Mais nous avons appris par un mail de Papa aujourd’hui, un peu affolé, qu’il y avait eu une secousse à 7 sur l’échelle de Richter environ 300 km plus au nord : voilà le pourquoi de la vibration d’hier ! Ici, c’est un non-événement complet… Mais les signes de cette activité sont bien là : chaque village a ses panneaux pour l’organisation de l’évacuation en cas « d’urgence volcanique ». Marthe, qui justement étudie le volcanisme en ce moment en Sciences Naturelles, n’est franchement pas rassurée : tremblements de terre et éruptions volcaniques font de très belles photos dans son manuel…mais on n’aimerait pas être dessous !
Voilà donc quelques semaines que nous sommes partis, l’année 2011 s’annonce magnifique, nous nous rapprochons de l’été (Valparaiso à la fin de la semaine sans doute, et ses côtes bondées de Santiaguinos en vacances, façon Palavas les flots à ses meilleures heures…). Le moral est au beau fixe – nous regrettons juste de ne pas aller à l’ile de Pâques car le prix des billets est totalement prohibitif…
Excellente année 2011 à tous !
(il y a de nouvelles photos, sans la partie Valdès - Ushuaïa, et un nouvel album "Chili")