mardi 26 avril 2011

De la Normandie à la Jamaïque…


Et oui, après quelques jours en Colombie, Eléonore a estimé qu’il n’y avait aucune différence avec la Normandie : c’est vert, il pleut tout le temps, il y a des vaches et des péages partout ! Heureusement, la comparaison s’arrête là !

Nous avons donc laissé Bogotà il y a une grosse semaine, et nous sommes partis pour le Nord du pays – en alternant routes compliquées et pluies diluviennes, nous arrivons finalement dans le premier village colonial au nord de Bogotà, première de plusieurs étapes qui iront crescendo : Villa de Leyva est un village tout blanc, avec une place gigantesque et vide, mais malheureusement trop près de Bogotà pour être réellement authentique. Nous poursuivons donc vers Barrichara, 5h plus au nord (200 km…), autre bijou colonial, plus authentique, plus lieu de villégiature que d’excursion – à chaque fois, nous dormirons dans la rue, en toute tranquillité. Mais la destination réelle, chaudement recommandée par les Corbasson depuis un an, est Mompox, qu’il nous faudra encore 2 jours pour atteindre. Mompox, peu connu des touristes étrangers car bien difficile d’accès (on quitte la route pour de longues heures de « ripio », mélange de terre battue détrempée et d’ornières caillouteuses), est une ville coloniale et tropicale, perdue sur une île du Rio Magdalena, le principale cours d’eau du pays qui s’étend ici en un large marais. Après une amusante traversée du rio sur un « ferry », c’est à dire un radeau de tonneaux qu’il faut écoper pendant les quelques minutes que durent la traversée, nous arrivons à Mompox. 
Le "ferry" !
Les faubourgs sales ne laissent pas présager du choc que nous aurons : la ville est extraordinaire, plus encore par son ambiance que par ses monuments, encore que l’architecture coloniale, blanche, soit magnifique. Nous serpentons entre les rocking-chairs, en nous promenant dans les ruelles. La police, toujours aussi accueillante et chaleureuse, nous indique une station-service un peu à l’écart, ouverte et éclairée toute la nuit, où nous serons au calme.

La nuit confirme tout le bien que l’on nous a toujours dit des Colombiens : à 3h du matin, une bande de 15 petits jeunes débarque avec un gros 4x4 à la sono surgonflée, pour faire la fête sans déranger les voisins : pas de chance, on était là ! Je m’approche doucement, échaudé par une première expérience difficile au Chili, pour leur demander s’ils vont rester toute la nuit, auquel cas nous changerions de lieu – contre toute attente, la petite bande, pourtant passablement éméchée, me propose très vite de s’éloigner car me disent ils « vous, vous êtes responsables, vous avez une famille, nous, on est des irresponsables : c’est à nous de bouger ! » Et ils rajoutent gentiment « on veut que vous ayiez une bonne image de la Colombie, merci de nous rendre visite », et aussitôt dit, aussitôt fait, ils déguerpissent, non sans m’avoir offert une petite bière ! On n’ose pas imaginer la même scène en banlieue parisienne…

Au cimetière
Le lendemain, mercredi, nous continuons notre promenade dans les rues tranquilles et Eléonore entre dans une maison coloniale ouverte et qui semble être un édifice public – erreur, c’est une maison privée, dont le propriétaire, Don Enrique, nous ouvre gentiment les portes – nous resterons avec eux pendant deux jours extraordinaires ! Il nous fait tout d’abord les honneurs de sa maison, non sans nous offrir un rafraichissement, puis nous invite à déjeuner. Le soir, balade dans les rues très festives (c’est la semaine sainte), et nous tombons sur des groupes afro-cubains qui dansent et jouent de la musique dans les édifices coloniaux, avant de rejoindre Don Enrique au cimetière : c’est le mercredi saint, et il y a une sérénade aux morts – toute la ville est là, de blanc vêtue, le cimetière brille de bougies, la fanfare sonne la sérénade, c’est inimaginable ! Maria Cristina, la fille de Don Enrique,  et son novio Jonathan sont aussi là, et nous proposent une balade en barque pour le lendemain matin sur le rio, que nous acceptons avec joie. Pour la promenade, nous rejoignent « des amis », Irene, Duncan et leur fille Sarah, juste arrivés de Medellin – au programme, singes hurleurs, oiseaux de toutes sortes, iguanes, tout cela dans une atmosphère de Louisiane. Bien entendu, nous sommes invités à déjeuner, la convivialité et l’hospitalité sont légendaires en Colombie. Au cours du déjeuner, nous comprenons où nous sommes tombés : l’autre fille de Don Enrique est la brue de l’ancien président Uribe, dont nous avons suivi les noces en lisant des vieux « Jet Set » quinze jours auparavant avec Wendy et François… Quant à Irene, elle est la gérante de El Mundo, Le Monde local – ses frères sont des hommes politiques très importants dans le pays, l’un d’entre eux ayant été malheureusement assassiné par les FARC il y a quelques années, et son père est le patron de la plus grande coopérative laitière du pays… Ces gens sont extraordinaires, d’une simplicité et d’un accueil fantastiques. Le soir, ils nous emmènent à la grande procession du Jeudi Saint, après une messe de deux bonnes heures ! La procession, comme dans les villages espagnols, est magnifique : nous sommes sur le balcon de la maison d’autres amis (!), aux premières loges – nous suivons les 10 chars qui relatent les épisodes de la Cène au chemin de Croix, portés par des centaines de pénitents du village – une expérience inoubliable. Le président Santos viendra même le lendemain à Mompox tant la réputation de la Semaine Sainte y est importante.
La procession

Nous avons malheureusement promis à Marthe de quitter Mompox le lendemain, car elle est impatiente de retrouver son amie Dillane qui nous attend à Carthagène, et nous laissons Enrique déçu que nous ne restions pas pour la procession solennelle du Vendredi Saint, dont il est le gardien de la figure de proue, une magnifique Virgen Dolorosa « de la Soledad »  et qui part de sa maison (nous avons aussi assisté à la préparation du char de la Vierge dans le jardin). Nous voilà de nouveau sur un bac de fortune, puis sur une route tout autant de fortune : après 5h de cahots, nous rejoignons la route principale, puis Carthagène à la tombée de la nuit.

Changement d’ambiance : nous retrouvons nos copains de Buenos Aires, Thomas et Peggy, et leurs filles Dillane, Alexanne et Julia (sans oublier chien et chats !), qui ont quitté l’Argentine il y a un an pour retrouver leurs chers tropiques, et leur boulot dans l’élevage de crevettes. Là, vive les vacances ! Journée entre la mer et la piscine, où nous admirons les prouesses des chirurgiens esthétiques colombiens en rigolant, balade dans la ville de Carthagène, sorte de Saint Malo tropical : des remparts pour se protéger des pirates anglais et français, et une vieille ville, mais toute en couleurs et en musique ! Nous décidons de faire un vrai break dans le CNED, jusqu’à la fin des vacances des filles, lundi soir. Nous profitons une dernière fois de Jonathan et Maria Cristina qui sont repassés par Carthagène avant de rentrer à Bogotà, et puis nous préparons l’embarquement du camping car pour le Mexique, qui devrait avoir lieu lundi prochain : cette semaine, c’est cocotiers et plages blanches pour un dernier adieu à l’Amérique du Sud !

vendredi 15 avril 2011

Colombie, grand changement !

Après deux mois de civilisations andines, de hautes montagnes, de visages indiens, de quinoa et de maïs, après une rapide transition par l’Equateur qui offre un visage très contrasté entre ses traditions andines, son architecture coloniale et sa côte Pacifique enfin chaude, nous avons vraiment changé de monde : en Colombie, nous arrivons aux Caraïbes ! La petite ville de Popayan, notre première étape la semaine dernière, est toute blanche, pleine de balcons, sa population est déjà métissée par l’influence des esclaves, il y a une vraie nonchalance – les rues sont bondées de monde, comme en Bolivie, mais si là bas les gens travaillaient dur, ici, ils palabrent sous les arbres ! C’est tout à fait comme cela que j’imaginais Kingston en Jamaïque, et pourtant nous sommes encore à près de 2000 km de la côte Caraïbe.

Préparation de la pâte à pizza !
Passée cette petite halte, bienvenue après la longue route depuis la frontière qui nous a menés à travers une région encore un peu sous influence Farc / Narcos, (8h pour 300 km, une habitude en Colombie), nous reprenons donc la route vers le Nord, en évitant malheureusement le site de San Agustin, qui a l’air très beau et enfin très différent des sites incas car notre guide nous dit que la route n’est pas encore sécurisée… Nous passons donc par Cali, et surprise, c’est la plaine tropicale, et ses champs de canne à sucre – nous passons la nuit dans un petit parc naturel, sur une colline au dessus de la plaine vert émeraude et nous en profitons pour essayer la fameuse recette de notre amie Trish : la pizza en camping car, à la poêle ! Le résultat est probant (la pâte lève dans un sac de couchage !), mais les conséquences sur la propreté de notre petit intérieur sont assez dramatiques…

Salento à l'aube
Nous continuons notre route, toujours vers le Nord, en direction de la région du café que nous frôlons – le parc a un petit air de Disneyland, nous l’évitons, et nous retrouvons à Salento, petit village caféier très coloré, non sans avoir subi environ 7 contrôles de police : le pays est très sécurisé (armée et police), et les agents sont très curieux de notre plaque et de notre camping-car : en général, le contrôle est juste un prétexte pour engager la conversation, souvent pendant un bon quart d’heure, ce qui permet aux camions que nous avons doublés avec difficulté de repasser devant ! A Salento, nous sommes accueillis par la police qui nous autorise à dormir sur la place du village, et nous partons à la découverte des ruelles multicolores. C’est l’occasion de voir notre premier vrai saloon : ouvert sur la rue, deux tables de billard, quelques tables de cartes, une mezzanine où on joue au poker, tout cela entre hommes et avec un air très sérieux ! Typique de la Colombie semble-t-il, où le machisme est plus ostensible que dans les pays précédents. Nous rencontrons ensuite Jaime et Maria Eugenia, propriétaires d’un café-restaurant dans la plus belle et la plus ancienne maison du village. C’est un couple très sympathique, Jaime est un fou de musique et nous fait découvrir les rythmes locaux, mais aussi du Jazz (47 versions de Summertime sur son ordi !), des percussions, etc… Nous passons la soirée dans leur restaurant, et promettons de revenir le lendemain avant de partir, pour prendre un café (ils ont une machine à expresso italienne du XIXème siècle !) et échanger de la musique.

Jaime et Maria Eugenia
A cheval !
Avant de quitter Salento le lendemain vendredi, et sachant que les Lacombe nous attendent à Bogota le soir (300 km, 9h de route, 3500m de dénivelé cumulé, des camions tous les 100m et une pente qui doit friser les 45% !), nous devons faire une petite escapade par la vallée de Cocorà, à 15 km de Salento, paradis montagnard où poussent les palmiers les plus hauts du monde, au milieu des vaches, des brebis, des colibris, des pumas et des ours à lunettes ! Le paysage est magnifique, dans la brume de l’aube, et nous en profitons pour faire une petite balade à cheval, à 8h du matin. Le guide nous explique toutes les stratégies mises en œuvre pour sauvegarder le puma, que les fermiers ont plutôt tendance à descendre à la première occasion, comme le loup chez nous. Dernière idée : ils achètent des brebis vieillottes qu’ils laissent à l’orée du bois, et le puma évite ainsi de manger les vaches ! C’est la brebis de Monsieur Seguin, version colombienne. Chose promise, chose due, nous repassons par le Barroco où Jaime nous prépare musique et café, puis nous filons à Bogotà où nous arriverons à la nuit tombée, vendredi dernier 2 avril.

Retour à la vie d'expat !
Voilà donc une petite semaine que nous sommes ici, avec nos amis Lacombe qu’il est très difficile de quitter, tant ils sont accueillants ! La preuve, ils viennent de partir pour New York en nous laissant leur maison ! Ils nous ont emmenés tout d’abord passer le week end dans une jolie région, à 60 km de Bogotà, où il fait meilleure température (ici, ça caille et il pleut sans cesse, on se croirait revenus à Ushuaïa !). Au programme du week end : farniente autour de la piscine, barbecue et lecture assidue de Jet Set, la revue people locale ! Les enfants iront quand même traire les vaches entre deux bains dans la piscine, pas désagréable. Nous retrouvons au passage avec joie Bruno, le neveu de François, de passage à Bogotà, qui vit à Buenos Aires depuis un an et où il nous avait souvent gardé les enfants. Il attend un OK définitif pour un VIE à Ryad, et on se fiche pas mal de lui !

La semaine se passe donc à Bogotà sous une pluie incessante, d’abord à retaper un peu le camping car (Roger, on a enfin changé la vanne EGR !), puis à se balader tranquillement : la ville n’est pas belle, à part un petit quartier pas trop mal, mais recèle deux beaux musées : la fondation Botero, qui nous rappelle l’expo des Champs Elysées il y a 20 ans et un musée de l’or extraordinaire, qui termine en fanfare par une mise en scène et en lumière incroyable de centaines d’œuvres en or précolombiennes… Magique ! Nous en profitons surtout pour voir nos amis, sortir et arroser nos retrouvailles, notamment dans un restaurant complètement farfelu, à la déco délirante, à l’ambiance super festive et qui parvient malgré sa taille à proposer une excellente cuisine, où les enfants sont pris en charge dans des ateliers (fabrication de masques en plâtre par exemple), où on vous couvre de cadeaux, où les serveurs se mettent à danser… Il faut importer le concept car la Colombie nous donne une belle leçon de joie de vivre, de goût de la fête, de contact facile et chaleureux, d’optimisme en réalité.

Nous quittons Bogotà ce matin pour quelques jours dans les villages coloniaux de la région, avant de filer vers la côte Caraïbe où nous passerons une dizaine de jours avant d’embarquer à Carthagène pour le Mexique, si tout se déroule comme prévu, ce qui est peu probable !

jeudi 7 avril 2011

Dans l’hémisphère Nord !

Aux dernières nouvelles, nous venions donc de passer la frontière de l’Equateur. Pas grand chose à dire sur les derniers jours au Pérou, si ce n’est que nous avons vu deux ou trois beaux sites antiques, Chan Chan et la Huaca de la Luna en particulier, sans oublier le musée du Seigneur de Sipan, extraordinaire mise en scène de la tombe de cet ancien seigneur couvert d’or, et un autre, Tucume, certainement passionnant pour les archéologues mais nettement moins pour nous. Après de nouvelles longues heures de désert le long de la côte, nous bifurquons enfin vers l’intérieur, les montagnes, pour entrer en Equateur.
Direction Cuenca, magnifique ville coloniale qui nous rappelle Cusco, mais en plus authentique et sincère, où nous attendent Pablo et Lushi, oncle et tante de Daniel, le boy-friend de notre très chère Grande Jeanne. Coïncidence, Daniel arrive en même temps que nous de Miami où il vit pour un mariage familial. L’accueil de Lushi et Pablo est extraordinaire et nous passons 3 jours merveilleux avec eux à nous promener en ville, et surtout à chercher les meilleurs Panamas – bizarrement, c’est de Cuenca dont ils sont originaires, et les ouvriers les utilisaient pour la construction du canal, il y a un siècle, d’où l’appellation usurpée ! Le procédé est long et minutieux, et la qualité de la paille et du geste font briller les yeux d’Eléonore.  C’est décidé, elle fera un deuxième voyage d’approfondissement de tous les artisanats du continent ! 
Pendant nos déambulations, nous tombons sur les guérisseuses dûment approuvées par la municipalité, et Joseph passe entre leurs mains pour une séance de  « en moins de deux je te guéris de tes cauchemars et de ta mauvaise humeur » : on le frotte à coups d’herbes aromatiques, puis avec un œuf (qui une fois cassé lui prédira un grand avenir), puis enfin la guérisseuse lui crache diverses substances  sur tout le corps ! Muy divertido ! 
Nous piqueniquons à très haute altitude le dimanche (28 mars), dans le Parc national Cajas, à quelques kilomètres de Cuenca, et puis nous reprenons la route, en accompagnant Daniel à Guayaquil où il reprend son avion pour la Floride, et non sans échapper à un contrôle policier en prenant littéralement la fuite en faisant un grand sourire aux policiers qui voulaient nous arrêter. Parfois, ça sert de faire le gringo qui ne comprend rien ! Sur les conseils de Lushi et Pablo nous partons pour deux jours de vacances sur la côte Pacifique : le courant de Humboldt, qui nous suit depuis l’antarctique le long des côtes daigne enfin s’éloigner vers les Galapagos et la mer est enfin chaude. Joli jardin exotique, promenade à cheval sur la plage, et repas gastronomiques à gogo (cocktails exotiques, noix de coco, fruits de la passion, crevettes, bananes plantains…) – l’Equateur est un vrai paradis, et le soleil est enfin au rendez vous, mais sur la côte seulement…
Nous remontons vers les montagnes et la pluie donc, qui nous empêche de voir « l’avenue des volcans », une sorte de chaine des puys en grande dimension, neiges éternelles et sommets à 6.000 m au programme. Nous arrivons donc à Quito, deuxième plus haute capitale du monde après La Paz (et devant Bogotá : on les enchaîne ! Lhassa n’a qu’à bien se tenir !). Surprise à Quito : Lushi est passée par là et sa grande copine Juana, mariée à Gérald, un Basque bien sympa, et leur fils Andoni nous ouvrent leur maison, leur frigo, leur douche et surtout leur cœur ! Trois jours de balade à Quito (très belle surprise, la ville coloniale elle aussi est très jolie, et l’église jésuite est un trésor, au niveau de Monreal en Sicile ou de San Marco à Venise), de petites bières, de rouges et de blancs, de rigolade, de grande cuisine, équatorienne et française. Grand échange de recettes avec démonstrations à l’appui : ceviche de camarones (des crevettes marinées avec oignons et citron vert) contre gratin dauphinois, fanesca (une soupe spéciale semaine sainte aux 12 céréales et bacalà, la morue séchée qui nous rappelle Gênes - on vous fera goûter tout cela…) Nous rencontrons la famille, les copains (le papa de Juana tente un concours de Aguardiente, mais à 32°, c’est du velours ! la petite nièce de deux ans décide que je ne suis pas un amigo mais un señor…), bref, c’est comme à la maison – et puis c’est amusant de voir que Juana et Gérald, avec leurs deux enfants, ont fait la même expérience que nous (un an en camping car en famille) il y a trois ans, même si pour eux l’exotisme était autour du bassin méditerranéen !
Entre temps, nous parlons avec les Lacombe, nos amis de Bogotà, et nous décidons de repartir vers le Nord pour les rejoindre avant le week end prochain. Mais nous sacrifions auparavant au rituel touristique de Quito : la mitad del mundo, le passage de la ligne. Site officiel façon Disneyland, mais petit musée scientifique très amusant, à cheval sur la vraie ligne – les expériences que nous faisons sont déroutantes : sur la ligne, la force de Coriolis s’annule (un œuf tient sur la tête d’un clou), on pèse moins lourd, on a moins de force, moins d’équilibre, l’eau qui se vide ne tourne pas (alors qu’un mètre au Nord ou au Sud, les tourbillons se forment, en sens inverse), sans oublier le cadran solaire double : la moitié de l’année, l’ombre est au nord, l’autre moitié, elle est au sud.

Nous voici donc en route pour la Colombie, après deux semaines superbes mais frustrantes car trop courtes en Equateur, et nous nous rendons compte qu’en même temps que nous avons passé l’équateur, nous avons aussi franchi la moitié de notre voyage. Petit bilan à mi course donc :

  • -       première certitude, c’est vraiment formidable de voyager, longtemps et en famille. Non pas qu’il n’y ait jamais de tension bien sûr (le jardin est grand, mais la maison est petite… je suis allergique aux contrariétés, Eléonore au froid, Marthe à la Techno, Jeanne à l’absence de chien et Joseph à l’écriture !), mais l’expérience est unique (« nadie te lo podrà quitar », comme me l’a dit un chilien un jour)
  • -       deuxième certitude : les plannings ne servent à rien, les circonstances sont là pour tout changer (pluie, DHL, ennuis mécaniques, rencontres, routes sinueuses, altitude…)
  • -      troisième certitude : tout voyage est toujours trop court ! Si nous avions deux ans, nous en aurions besoin de trois, c’est certain…
Et puis il ya les phrases rituelles : « Est ce que tu as fermé derrière ? », « Est ce que le frigo marche ? » ou plus souvent « Tiens, le frigo clignote ! », « Zut on a oublié de vider l’eau sale… », « Papa, on est bientôt arrivé ? », « Papa, on est encore au Pérou là ? », « Maman, est ce qu’on peut regarder un film ? » qui précède souvent de peu « Les enfants, regardez par la fenêtre au lieu de regarder un film ! ». Et puis il y a eu de célèbres « incroyable, ça monte encore ! » en Bolivie.
Quelques chiffres : 18.000 ? le nombre de km au compteur. 5200 ? L’altitude maximum à laquelle on est monté (en Bolivie). 6 ? Le nombre de drapeaux collés sur les flancs d’Elliot, notre vaillant camping car (on a triché en mettant l’Uruguay où nous avions été avec les Corbasson l’an dernier !). 3 ? Le nombre d’heures qu’il nous faut en moyenne pour passer une frontière. 150 ? Le nombre de kilomètres par jour (ce qui ne présage pas du tout du temps passé à rouler !). 8, en heures ? La journée de route la plus longue (l’entrée en Equateur).

Petit inventaire à la Prévert de ce que les enfants ont en tête après 4 mois de voyage – sic :
Marthe : rencontres, Paris, Equateur, New York, Grands-parents, Colombie, CNED, facebook, camping-car, famille, amour, joie, inconfort, tolérance, humour (le plus important), sac de couchage, dépression, nouveau, ambigüité
Jeanne : ennui, souvenirs, CNED = nul, travail, pas de vacances, stress, énervée, pas d’espace, tronche, mal élevés, famille, aimer, nostalgie, fatigue, incroyable, éblouissant, tout cassé (le camping car…), gens, magnifique, douche froide, pluie, froid, sale, Chettie, Gipsie, Whisky (les chiens rencontrés en route), Mike & Trish, les copains
Joseph : Valparaiso, Andoni (le fils de Juana et Gérald), Chettie (la chienne de Mike et Trish), Equateur, Luc (le copain qu’on va retrouver à Bogota), Bonhomme de neige (celui qu’on a fait à Ushuaïa), Tia Lushi, les bibliothèques de l’Alliance Française, Noël, mon parrain Manu.

Mais au bout du compte, plus que tout paysage, plus que tout monument, plus que tout et par dessus tout, ce que nous retenons, ce sont les rencontres que nous avons faites, brèves, fortuites, drôles, émouvantes… qui rythment notre promenade : argentins, chiliens, boliviens, péruviens, équatoriens, français, belges, américains, allemands, suisses, backpackers, voyageurs, familles, garagistes, vacanciers, amoureux, et sans oublier les chiens… merci à tous !

Dernière minute désormais traditionnelle : nous sommes passés en Colombie ! Nous venons d’arriver après une longue et très belle route de montagne à Popayan, dans le sud du pays, une jolie ville coloniale qui semble ressembler à Cusco ou Cuenca (façades blanches, églises baroques, balcons…), mais on est arrivés un peu tard… – plus d’informations à venir !