vendredi 24 décembre 2010

We cry for you, Argentina


Et bien ça y est, cette fois nous avons définitivement quitté l’Argentine, non sans un petit pincement au cœur d’ailleurs. Nous venons en effet d’arriver au Chili, après un aller-retour en Terre de Feu.
Reprenons les choses où nous les avions laissées : une grève chez YPF qui bloquait l’approvisionnement en gazole de toute la Patagonie, et une tempête de vent mémorable, aux dires des Patagons eux-mêmes, il y a une dizaine de jours. Ayant fait contre mauvaise fortune bon cœur, nous sommes donc restés 3 jours à Puerto San Julian, joli port de pêche, où nous avons eu quand même la chance de voir de près, outre les désormais habituels cormorans, pingouins et autres lions de mer, quelques très jolis petits dauphins noirs et blancs, tout petits frères des orques que nous avons ratés la semaine précédente.
Le gazole étant arrivé (après 3h de queue à la station-service pour cause de rumeur galopante, mais pour rien…), nous voilà repartis plein Sud – nous passons par Rio Gallegos, empire des Kirchner (une grande rue vient d’être rebaptisée du nom de feu-Nestor, très regretté ici pour ses subsides !) et horrible bourgade, après une nuit dans un non moins horrible camping pour pêcheurs de truites. La nuit suivante, glaciale, est pourtant merveilleuse, à quelques kilomètres de la frontière chilienne (il faut passer par le Chili pour aller en Terre de Feu…), car nous pensons découvrir une merveille peu touristique (un lac de cratère d’un bleu azur) mais l’avenir nous apprendra que tous les camping-car qui circulent en Patagonie y ont passé au moins une nuit !
Bref, nous passons donc notre première frontière vers le Chili, avec un peu d’appréhension : le camping-car était entré en Argentine avec un propriétaire, ressort avec un autre, qui plus est résident argentin, sans pour autant avoir payé de droits de douane… Sueurs froides idiotes, la douanière ne jette même pas un coup d’œil au papier que je lui tends en tremblant… L’entrée au Chili nous coûte (ça devient une habitude) 3 kg de pommes à avaler en 10 minutes, et un pot de miel que le douanier zélé ne veut pas laisser passer – il semble que les abeilles argentines soient porteuses de maladies mortelles pour leur comparses chiliennes....
Sur le détroit de Magellan
Le lendemain, rebelote, il faut rentrer en Argentine après avoir traversé le magnifique détroit de Magellan (sur un bac mythique qui vient s’échouer directement sur la plage ! ) : nous décidons de passer la nuit juste avant la frontière, après deux heures de piste au Chili (les chiliens n’ont pas du tout l’intention de payer l’asphalte d’une route qui n’est empruntée que par des argentins !) – mal nous en a pris : c’est le premier jour des vacances scolaires argentines et les « fuégiens », pas fous, quittent en masse la Terre de feu pour chercher des températures plus clémentes – nous avons beau suivre le flux inverse, rien à faire, il nous faudra 4h pour passer les deux postes frontières… Mais cette fois, nous y sommes : première vraie destination du voyage, Ushuaïa !
Nous sommes le samedi 18 décembre, un bilan s’impose après 4500 km parcourus en 3 semaines :
  • -       On est super-contents, et ces 8 mois vont nous paraître bien courts.
  • -       Le CNED de 3 enfants est très lourd à gérer, surtout que nous courons après le calendrier des envois de devoirs.
  • -       Le camping-car est grand (quand on voit les Land Rover de nos nouveaux copains rencontrés sur les routes), mais vraiment bruyant sur les pistes.
  • -       Il faut bricoler : outre l’épisode de la table, je m’escrime avec le frigo qui s’amuse à s’arrêter tout seul et se met à clignoter (« tu clignotes » est devenu une expression très en vogue dans la famille !) – il faut le redémarrer à l’allume-gaz !
  • -       Le vent est l’ennemi de l’écolo : la consommation grimpe en flèche à la moindre rafale…
  • -       On pensait avoir 8 mois d’été, mais pour l’instant on se réveille avec 4° le matin dans le camping-car… (Wendy, on se fait un bon entrainement avant Bogota !)
  • -       Le budget prévisionnel est totalement dans les choux !
  • -       L’extrême sud du continent, c’est à dire la fin de la Patagonie et la Terre de feu sont absolument magnifiques, alors que la Patagonie intermédiaire est plus impressionnante par son infinité que réellement belle, à part son littoral magique.

Pour revenir à nos ballades, nous passons donc 3 jours à Ushuaïa à nous  promener (4h de grimpette à travers la forêt primaire, jusqu’à un superbe point de vue sur le canal de Beagle et un bonhomme de neige fait avec bonheur dans les dernières taches de neige de l’année – les enfants n’avaient pas vu la neige depuis 3 ans !) et à jouer aux touristes (3h de promène-couillons sur le canal de Beagle dans un vieux bateau style années 30 avec guide-serveuse en vareuse marine et Chopin en fond sonore, ce qui est toujours mieux que Richard Claydermann… Encore des cormorans et des lions de mer, c’est d’un banal…). On s’en fiche, on en a rêvé, et les paysages et les lumières, sont extraordinaires. Et les rencontres aussi : nous avons croisé deux ou trois Land Rover français (et un Toyota : pour les puristes, c’est comme Boca et River ou Sampdoria et Genoa ; entre Toyiste et Landiste, on ne se parle pas !), et tout ce monde là se retrouve par hasard à Usuhuaïa : pour ne pas perdre ses bonnes habitudes, Eléonore prépare un dîner pour 11 personnes. Et bien, ça tient !  
11 dans le camping-car, record battu !

Finalement, nous quittons UshuaIa, nous repassons la même frontière qu’à l’aller (à minuit, pour être bien certains de n’avoir personne, et après avoir planqué le choux rouge dans les linge sale et le foie gras dans les culottes), en disant cette fois un adieu définitif à l’Argentine . Direction Puerto Natales et le Parc du Torres del Paine, sublime montagne où nous allons marcher deux jours avant de prendre le bateau pour Puerto Montt – 3 jours de croisière à travers les fjords chiliens, ça devrait être pas mal pour accueillir 2011 !
Joyeux Noël et bonne année à tous !

mardi 14 décembre 2010

Sur la route du Sud... también en español, anche in italiano !


Il faut se méfier de la première impression, dit le dicton, c’est souvent la bonne… Et effectivement, à peine passée l’euphorie mêlée de fatigue du départ ,  nous confirmons le dicton : en y repensant bien, avec maintenant 15 jours derrière nous, c’est le bonheur !
Nous en étions restés  à notre balade au milieu des baleines. Les jours suivants ont été tout aussi sympathiques : tour de la Peninsula Valdès à la recherche des éléphants de mer (trouvés) et surtout des orques (raté, et ce malgré une deuxième tentative dimanche dernier de bon matin pour arriver à marée haute sur LE site) et puis nouveau départ, toujours vers le sud.  Après une nuit passée en pleine réserve naturelle, au milieu des guanacos (des grands lamas, très beaux et très bons en sauce…), nous rendons visite aux petit million de pingouins de Magellan de la colonie de Punta Tombo – ils sont charmants dans leur queue-de-pie guindée, avec leur dandinement ridicule. Mais quelle vitesse une fois à l’eau… Nous profitons de la pause pour réparer la table du camping-car qui s’est effondrée sous un coup malheureux de Joseph après une partie de Ni Oui Ni Non perdue !  Il nous faut inventer un nouveau support en bois (la table était fragile – Corbasse, j’aurai deux mots à te dire en rentrant !), c’est rapidement chose faite malgré un bus d’italiens très à leur aise qui pousse toutes nos affaires pour pique-niquer !)
Nous continuons ensuite et découvrons, grâce à des amis argentins (merci les Aquerreta !), un paradis incroyable : une estancia de 80.000 ha, peuplée de guanacos (c’est là qu’on les goûtera), de nandous (autruches patagonnes), de pingouins de nouveau, des lions de mer et de dizaines d’espèces d’oiseaux, sans compter les 18.000 brebis, les renards… Nous resterons 3 jours, enchanteurs, à Bahia Bustamante. Au programme, balades en zodiac, et en 4x4, diner aux algues (j’oubliais de préciser que l’estancia était à l’origine un village de ramassage d’algues, destinées à la production de gélatine et dont Danone est d’ailleurs client !). Le paysage est dingue, une sorte de Keller de Patagonie, entremêlât d’îlots, de presqu’iles, de plages paradisiaques, de landes infinies, l’accueil adorable, et les visites étonnantes : goûter au milieu des pingouins (sans personne avec nous…), marquage et tonte des brebis… Eléonore a bien du mal à quitter l’endroit malgré le vent omniprésent, mais notre budget y laisserait des plumes ! Départ donc vendredi matin 10 décembre pour Comodoro Rivadavia.
Mauvaise surprise : il y a une grève dans le pétrole, et la livraison de gazole est compromise. Nous arrivons à faire le plein et repartons vers un autre lieu assez fou : le Bosque Petrificado de Jaramillo . A l’entrée du Parc, un doute s’installe : faire l’aller-retour au Bosque nous limitera dans notre autonomie… Mais advienne que pourra, nous prenons le risque, et cela en valait la peine : dans un paysage digne de Monument Valley,, un bois a été recouvert par des cendre volcaniques il y a 150 millions d’années et les troncs se sont lentement transformés en pierre tout en gardant leurs formes et leurs couleurs – c’est très étonnant. Les rangers du Parc et un couple de belges en Land Rover nous dépannent de quelques litres de gazole qui nous permettront de rejoindre Puerto San Julian, dernière étape avant Rio Gallegos et le passage en Terre de Feu. Après un apéro au diesel (il a fallu siphonner le réservoir, beurk !!!), nous invitons belges et rangers à diner : Eléonore nous mitonne un diner pour 11 personnes, tous dans le camping-car car il fait trop froid (3 degrés, les belges, Romney, Lilian et leurs deux petits garçons Matteo et Maxime ont même eu une tempête de neige la veille).
Re-mauvaise surprise : nous arrivons sur la réserve après avoir roulé à 60 km/h en 6ème pendant 100 km pour découvrir que la menace a été mise à exécution : pas de carburant dans toute la Patagonie jusqu’à nouvel ordre… Même pendant le voyage, les syndicats argentins continuent à nous poursuivre !! Nous sommes donc bloqués ici, et pour faire bonne mesure, le vent s’est levé : 130 km/h, vraiment impressionnant ; Joseph s’envole, le ciel est rouge de poussière et la mer démontée – une lumière de fin du monde – impossible de rouler, même s’il y avait de l’essence. Le Land Rover des belges est aussi bloqué, nous ne pouvons pas sortir en bateau (il y a de très jolis petits dauphins dans le coin). CNED et Skype jusqu’à nouvel ordre !

Acà estamos entonces : despues de 2 semanas y 3000 km a traves de la Patagonia, lleguemos en Puerto San Julian, donde nos tenemos que quedar un par de dias : hay muchisimo viento, y de todas maneras nuestros amigos gremiales petroleros no abastecen màs la Patagonia en carburante : impossible por ahora seguir hasta Rio Gallegos…  Asi aprovechamos del momento para poner el blog al dia, para adelantarnos con la escuela (los chicos no estan de vacaciones por ahora !). Todo pasa re-bien, nos cruzamos con ballenas, lobos marinos, elefantes, pinguinos, guanacos, ovejas, nandus… La vida en el camper es muy sencilla pero divina – los chicos se portan muy bien, se dedican facilmente a la escuela, se entusiasman por lo que ven… Ahora, esperamos de poder seguir hasta Rio Gallegos y de poder pasar en Tierra del Fuego donde pensamos pasar Navidad ! Un abrazo enorme.

Carissimi, stiamo li ! Già sono passate 2 settimane da cuando ce ne siamo andati, ed abbiamo potuto vedere tantissime cose ed animali : il sud dell’ Argentina è bellissimo, non è un mito ! Abbiamo anche vissuto qualche avventura : ho dovuto sistemare la tavola del camping-car in mezzo a un gruppetto di turisti italiani molto invasivi – il loro pic nic era molto più importante che il nostro problema ! Poi siamo scesi in direzione di Ushuaïa dove pensiamo arrivare per Natale.  I bimbi sono super contenti, parlano con tutta la gente, lavorano per la scuola, sono entusiasti per tutte le belleze che vedono … Ma oggi siamo blocati per due motivi : sciopero nell’industria petrolera (non c’è più gasolina ! Incredibile, sembra Francia !!!), e c’è un vento pazzesco, più di 130 km/h, che non ci permite guidare !!! hanno anche chiuso le strade ! A presto per altre notizie…

vendredi 3 décembre 2010

Premières impressions


Waouh ! Une petite semaine et déjà tant de choses à raconter…
Nous avons donc passé le premier week end du voyage dans les meilleures conditions : chouchoutés par Christoph et Mariella, au bord de la piscine, ce qui nous a permis de souffler un peu après ces dernières semaines franchement hyper actives,  et de tout organiser, ranger, nettoyer à bord de notre petite cabane roulante. Nous avons tout mis en boîte (grâce aux innombrables Tupperware de Mariella) car la hantise du chauffeur de camping car, ce sont les multiples petits bruits de tous les trucs qui vibrent à l’arrière (sans oublier l’avalanche des mêmes trucs qui tombent à la première ouverture de placard).
Bref, après avoir prolongé le week end jusqu’à lundi matin, nous nous sommes finalement mis en route. Direction le sud, et Mar del plata – 400 km d’autoroute, et un premier camping au bord de la mer, avec un joli feu d’ordures, rien à signaler donc… Nous adoptons déjà un rythme de croisière : CNED le matin, et route l’après midi. Idem le lendemain donc, nous plongeons vers le sud, en deux étapes, jusqu’à Puerto Piramides, l’entrée de la Peninsula Valdès, où nous espérons voir baleines, phoques, manchots, orques… dés demain.
Bilan de ces trois premiers jours de route :
-       la qualité des camping est inversement proportionnelle au prix à payer. Rien ne nous étonne, après tout, nous sommes toujours en Argentine !
-       les contrôles routiers sont nombreux, et Eléonore porte la poisse. Chaque fois qu’elle conduit deux petites heures, paf, on a droit à un contrôle. Le premier, un peu timide, invente une nouvelle loi : les vélos ne peuvent pas dépasser le pare-choc, il va donc falloir payer une contravention. Mais sur notre bonne tête, en faisant un peu l’idiot, et surtout après qu’ils ont laissé passer une voiture dans la même situation, non sans avoir inventé un ancêtre français pour faire bonne figure, nous passons, sans payer ni contravention, ni coima, le pourboire local qu’il fait bon laisser aux autorités. Nous aurons aussi droit aux gendarmes, beaucoup plus pros et distingués (« comment s’appelle mademoiselle ? », puisque que c’est encore Eléonore qui conduisait, en français dans le texte)
-       autres aventure, autres contrôles : la Patagonie est déclarée « libre de la mouche du fruit » et « libre de la fièvre aphteuse ». Nous avons donc droit tous les 50 km à une visite sympathique d’employés du ministère de l’agriculture. Au premier contrôle, nous avons dû manger 3 kg de pommes et 2 kg de poires pour éviter de les jeter… Ensuite, il a fallu vérifier qu’on ne trimbalait pas de viande fraiche, et encore mieux la troisième fois : le gars est monté s’assurer qu’il n’y avait pas de petit agneau vivant dans le frigo !!!
Nous avons traversé pendant deux jours la provincia de Buenos Aires, c’est à dire la bosse que fait la côte avant de plonger plein sud en Patagonie. Une certitude, l’Argentine est vraiment le grenier du monde… Des champs de 25 km2 (2500 ha…), d’un seul tenant, plantés de blé bien mûr (les moissons commencent, et avec elles les allergies d’Eléonore…) ; des dizaines de km sans aucune habitation, des villes céréalières avec des dizaines  et des dizaines de camions remplis de grain, des moissonneuses-batteuses dont les roues sont plus hautes que le camping-car… Tout bonnement incroyable… Et dire qu’il y a des gens qui meurent de faim dans ce pays…
Et puis le paysage  a changé en quelques kilomètres : finies les plantations, voilà la lande, tout aussi interminable – depuis 1500 km, nous n’avons pas vu l’ombre d’une colline , juste des champs, des vaches, et soudain place aux arbustes et aux moutons,  lamas,  chevaux – tout cela est impensable pour nos yeux européens, mais magnifique de liberté et d’espace ;  et puis il y a ce vent qui nous secoue sur la route, et qui nous permet de rester vigilants malgré la monotonie de la conduite (un virage tous les 70 km en moyenne…). Bref, nous sommes en Patagonie, et c’est le bonheur !
Je reprends cet article avant d’avoir pu le publier sur le blog, les connexions restant un peu ardues. Nous avons donc pu ce matin sortir en bateau pour nous approcher des fameuses baleines franches. La sortie n’était pas certaine, en raison d’un vent fort qui agitait la mer et pouvait rendre la balade difficile pour les estomacs sensibles – et puis vers midi, le vent a tourné et nous avons sauté dans le premier bateau disponible. Inoubliable… malgré la date tardive (les bébés sont déjà grands, et tout ce joli monde commence à regagner l’océan antarctique), nous avons eu beaucoup de chance : plusieurs familles maman – baleineau se sont approchées à toucher l’embarcation, jouant avec nous, passant sous le bateau… le guide nous expliquera aussi qu’il était incroyable de voir dans la même matinée 2 baleineaux blancs, car il n’en naissent que 4 ou 5 par an pour un millier de baleines. Une expérience hors du commun, un des buts de notre voyage.
L’aventure continue…
La connexion est lente, les photos arriveront plus tard !