mercredi 23 mars 2011

Adieu, incas...


C’est amusant comme les impressions de voyage diffèrent d’une personne à l’autre – en suivant le blog de notre copain Ptit Doc, rencontré à San Pedro de Atacama, un jeune toubib en voyage avant de passer 7 mois dans un dispensaire de la jungle, nous réalisons qu’il n’a pas trop aimé la Bolivie, apparemment du moins, et qu’il est enchanté par le Pérou. Nous, c’est le contraire… La Bolivie nous a enchanté, on a trouvé les gens formidables, les paysages dingues et la cuisine bien meilleure que ce que ne laissaient supposer guides et commentaires. Au Pérou en revanche, tout est super, mais un peu trop… Trop touristique, trop modernisé, trop aseptisé…
La chacana inca
Mais reprenons le cours du voyage où nous l’avions laissé : après un Machu Picchu humide il y a une petite semaine. Retour à Cusco pour deux nouvelles journées sympathiques – nous rencontrons dans le train qui nous ramène du Machu Picchu une famille de français d’Orange avec laquelle nous passerons une super soirée – ils repartiront avec un petit cadeau surprise pour Valentine, ma filleule qui vit à Bourg Saint Andéol, Ardèche : la surprise sera totale ! Les balades nocturnes à Cusco sont magnifiques, les sites incas des alentours aussi. On nous y révélera la symbolique de la Chacana, la croix inca que vous connaissez sûrement : 4 fois trois marches pour 4 symboles qui résument toute la philosophie inca. Premières marches : Un, l’Inca, l’Unique. Deux, le couple, le binaire, le noir et le blanc, le Yin et le Yang en quelque sorte. Trois, la pluralité, la communauté. Ce sont les trois services que rendaient  les incas : pour l’inca, pour la communauté, pour l’autre, le travail réciproque. Deuxième série de marches : les trois mondes, celui des esprits, du Condor, celui des hommes, de la Terre, de la Pachamama, du Puma, et celui des morts, le monde souterrain, du Serpent. Troisième volée de marches, les trois lois fondamentales : tu ne voleras pas, tu ne mentiras pas, tu ne seras pas paresseux. Et enfin, les trois attitudes de l’inca : apprendre, aimer, travailler. Les conquistadores ont gentiment détruit tout cela, avec en outre un sage processus de lavage de cerveau (on rase les temples et on les recouvre de terre pour qu’il n’en reste pas trace – et comme les incas n’avaient pas l’écriture, pfiu, tout le savoir s’est envolé !)
Voilà pour les incas donc, assez passionnants il faut bien le dire – on est un peu remontés contre les conquistadors espagnols (mais nous, on a organisé le commerce triangulaire, ce qui n’est pas vraiment mieux dans le genre…)
Après une route de deux jours magnifique mais éprouvante (3 allers retours entre 2000 et 4500 m en 600 km !), nous arrivons à Nazca que nous avions visité l’an dernier – le vol en coucou de 5 places pour admirer ces fameux dessins gigantesques et millénaires qui ne se voient que du ciel avait été difficile pour les estomacs, on ne nous y reprendra pas ! Petite journée de glandouille dans l’hôtel où se retrouvent tous les camping car du coin (suisses, français et allemands en même temps que nous) car il y a une piscine, puis route monotone dans le désert vers Lima où nous croyons pouvoir faire un arrêt rapide avant de filer vers l’Equateur… Nous attendons en effet un paquet envoyé par DHL, et internet nous informe qu’il est arrivé sur place, en même temps que nous. C’était sans compter la fougue des douanes péruviennes ! UNE SEMAINE pour dédouaner ce p… de paquet !!! On comprend encore qu’il leur faille la facture des pièces Ford, que nous leur fournissons en une demi-heure, mais 5 jours pour dédouaner 3 livres et un CD du CNED, ça nous met les nerfs à l’épreuve – comme il faut s’en occuper constamment (les employés de DHL au Pérou sont manifestement formés dans la même école que leurs collègues douaniers…), nous sommes bloqués dans notre hôtel-camping, heureusement muni d’une table de ping-pong (pour passer le temps) et d’un jeu de fléchettes (nous avons failli remplacer la cible par le logo des douanes péruviennes). Comme nous sommes des voyageurs très zen et pas du tout pressés (il nous reste 25.000 km à faire en 5 mois, une paille), nous prenons notre mal en patience et faisons des rencontres très sympas dans l’hôtel : tout d’abord, un couple français, Isabelle et André, puis Guy, un wallon, tous en camping car, puis un couple d’américains, Michael et Patricia avec qui nous sympathisons (sans compter que leur chienne fait le bonheur de Jeanne) et qui sortent d’une épreuve difficile (une bande de méchants les a agressés à coups de pierres en pleine nuit, dans un patelin, car ils les ont confondus avec un autre véhicule… gros bobos au camping car, à la tête et aux yeux, mais pas trop au moral). Longues soirées avec Michael à discuter, ils viennent d’une petite ville du Colorado – c’est génial de tenter de comprendre les différences culturelles : Michael, qu’on ne peut pas vraiment qualifier d’extrémiste républicain (il est plutôt du genre anar !) m’avoue qu’il est favorable à cette particularité américaine, la libre possession d’armes à feu, même s’il n’en a pas lui même, et qu’en même temps, il a dû mal à trouver un truc intelligent à dire sur le sujet ! C’est culturel donc !
Nous sympathisons aussi beaucoup avec un très joli couple belge, flamands cette fois, vivant depuis 2 mois dans les montagnes péruviennes – Lot travaille pour la coopération belge et Laurens fait un doctorat en histoire de l’art, il nous fera d’ailleurs visiter le musée d’art contemporain pour lequel il travaille à distance.
Je reprends le fil de cet article après quelques jours d’arrêt : nous avons donc finalement récupéré notre paquet à Lima après avoir activé l’ambassade de France, super réactive, grâce à notre ami Jérôme rencontré à La Paz et grâce aussi à Corinne, la directrice académique de l’alliance française. Nous avons donc quitté Lima sans regret (et sans avoir vu la moindre vague après le tsunami japonais, alors que les autorités péruviennes en avaient profité pour faire une répétition grandeur nature : évacuation de tout le littoral, sauf la partie de Lima où nous étions, Miraflorès, bien abritée en haut de ses falaises – vu le désastre au Japon, on n’ose imaginer ce qui se passera quand la prochaine vague atteindra le littoral sud américain…)
La pêche de Joseph
Direction le Nord et l’Equateur que nous espérons rejoindre ces jours-ci – le timing du voyage est complètement dans les choux… Nous suivons Mike et Tricia, avec lesquels décidément nous passons de bien agréables soirées philosophico-gastronomiques : ratatouille (leur première !), remerciée par des pizzas maison cuites à la poële (divines !), risotto, vins et Ti Punch. Nous irons les voir dans le Colorado, c’est certain, et ils sont officiellement invités en France. Le temps continue à être maussade, mais cela n’empêche ni les parties de pêche  ni les jeux de frisbee avec Chattie, la délicieuse chienne de Mike et Tricia. Nous en profitons pour visiter deux sites des cultures Chimu et Moche, absolument magnifiques, recommandés par Elodie et Julien, un couple de jeunes et bien sympathiques français en balade en Amérique du Sud – le Nord du Pérou recèle des secrets méconnus.
Khadafi et les bombardements nous semblent bien loin…

Dernière minute : on a quitté Pérou ce soir mercredi 23 mars pour l'Equateur ! Photos à venir...

vendredi 4 mars 2011

Et voilà le Pérou !


Aux dernières nouvelles nous avions juste passé la frontière de Bolivie au Pérou, en espérant trouver un temps plus clément – et bien c’est presque réussi : il ne pleut plus qu’une fois par jour, et encore, parfois c’est la nuit…

Nous avons donc longé le lac Titicaca, et comme l’an dernier, nous sommes un peu restés sur notre faim – il a beaucoup plu (comme vous l’avez sans doute compris), et les abords du lac sont donc très marécageux. Les constructions péruviennes sont moins précaires que leurs homologues boliviennes, mais aussi moins typiques. Et chaque mur est peint aux couleurs d’un candidat : 2011 semble être une année électorale au Pérou, et cela défigure le paysage. Nous arrivons à Puno, et évitons surtout de retourner voir les îles flottantes de l’ethnie Uro : c’est le pire piège à touristes que nous ayons jamais vu – les Uros ne sont plus des Uros (ethnie éteinte), mais des Aymaras qui ont senti le filon, ont repris les techniques ancestrales en amarrant leurs îles à quelques encablures de Puno, et viennent tous les matins depuis leurs maisons sur les îles pour vendre du folklore et de l’artisanat. On passe vite (enfin, pas si vite que ça, car au moment de quitter Puno, nous nous trouvons derrière une course de vélo, la police veille, et la route monte…).
Longue, longue route de Puno le long du Titicaca puis à travers les montagnes jusqu’à Cusco. Ça y est, c’est le Pérou que nous attendions : du vert, des montagnes, des cultures en terrasse… jusqu’à Cusco. Nous arrivons en fin d’après midi, dimanche dernier, et le camping est impraticable (le dernier camping car français en est sorti la veille tiré par un tracteur…). Après quelques hésitations, nous suivons les recommandations d’un autre camping car français, et dormons dans la rue, en face d’une petite station-service ouverte toute la nuit. Lundi, balade à Cusco, entre les quelques restes de murs Incas, rasés par les conquistadors pour construire leur ville, symbole de la chute de l’empire et de leur domination.  Il faut avouer que ça a aussi de la gueule ! La ville est magnifique, maisons coloniales, balcons, places à colonnades, profusion d’églises plus baroques les unes que les autres, mais qui à nos yeux ne valent pas l’extraordinaire église que nous avons trouvée sur la route, dans un petit village  avant Cusco, au nom absolument imprononçable (essayez en prenant votre meilleur accent quechua : Andahuaylillas), et surnommée « la chapelle sixtine d’Amérique latine. Journée de balade dans Cusco donc, à la recherche des jolis coins, des jolis pulls (la laine d’alpaga fait craquer tout le monde) et surtout de jolis distributeurs de billets de banque : nous devons préparer notre escapade au Macchu Picchu, et tout est bon pour vider les poches des touristes – heureusement notre vaillant camping car nous permettra d’éviter la moitié du trajet en train, et donc la moitié du prix.

Et enfin, ce mardi, après avoir souhaité un joyeux anniversaire à Valérie, après avoir terminé le premier semestre du CNED (on est presque en vacances : les autres documents pédagogiques nous attendent à Lima, que nous rejoindrons dans quelques jours), nous quittons Cusco pour faire la boucle de la vallée sacrée des incas en commençant par Pisac, que nous visitons sous une petite pluie fine, avec un guide qui assassine le français (et nos narines), une ancienne forteresse perchée sur un piton et entourée d’anciennes terrasses – le grain passe, la lumière rase, c’est magique malgré le vertige qui nous prend. Et ce soir, pour la première fois depuis longtemps, il y a des étoiles… Et le lendemain nous visitons les salines de Maras, autre paysage de carte postale, sous un temps agréable.

Mythique !
Nous quittons donc le fond de la vallée sacrée des Incas vers Ollantaytambo, plein d’espoir pour notre visite au Machu Picchu – fausse promesse… Nous aurons la pire journée de la semaine pour notre visite – vraiment la poisse : l’an dernier, le site était carrément fermé, et cette année, la pluie. Mais nous sommes quand même heureux de découvrir ce site mythique, prenons une guide pour nous éclairer (la symbolique inca n’est pas évidente, mais très intéressante, mettant en relation les éléments, les étoiles et les règles de comportement – résultat : ils n’avaient pas de prison, ils n’avaient pas de monnaie, pas de notion d’enrichissement personnel, le palais de l’inca avait trois pièces, les portes n’avaient pas de serrure – on imagine le choc culturel à l’arrivée des espagnols !). Et puis heureusement, comme il y a quelques mois au Fitz Roy, nous avons une trouée dans la brume au moment où nous atteignons la maison du gardien de laquelle on observe tout le site – ouf ! On n’a certes pas vu l’environnement complet des montagnes, elles aussi sacrées, mais l’esplanade entourée de brume valait le voyage.

Encore deux ou trois jours dans les montagnes, et nous redescendrons à Nazca pour y trouver le soleil !