samedi 26 février 2011

C’est la fête à la grenouille !


Il y a bientôt trois semaines que nous sommes entrés en Bolivie, et bien, il pleut depuis trois semaines… On a beau faire du positivisme à fond, là, ça commence à être un peu longuet !
Mais reprenons les choses dans l’ordre. Dans l’article précédent, nous arrivions juste à Sucre où nous avons rencontrés Don Alberto et Dona Felicidad qui nous ouvraient leur jardin – bien leur en a pris : nous sommes restés 6 jours en leur compagnie, tant pis pour le sacro-saint timing. Il faut dire que nous avons été gâtés : Sucre est une ville magnifique, toute blanche, à une altitude tout à fait décente qui lui donne un climat doux (et parfois humide…). Nous nous sommes donc promenés, un peu, et avons visité les églises, couvents, musées, marchés… comme il se doit. Notons au passage un musée du textile indigène assez incroyable, où nous admirons des femmes J’aqla et Tarrabuco en plein travail – 4 mois de tissage pour une pièce de 2 m2 environ. Avec cette visite, nous projetons d’aller le dimanche au marché de Tarrabuco, à 70km de Sucre, où tous les tissus de la région sont vendus. Nous restons donc bien sûr avec Dona Felicidad, qui propose de nous y accompagner – mais, dimanche, il pleut, donc pas de marché…

Eléonore et sa quenouille
Tous ces tissus colorés et cet artisanat donnent quelques idées à Eléonore : nous voilà donc partis jeudi matin (le 17 février) pour le marché « campesino », c’est à dire le véritable marché local de Sucre, et nous revenons avec, outre les kilos de patates andines, fèves et locoto (un piment bolivien), 2 kg de laine fraichement tondue d’un vieux bouc des alentours (on le reconnaît à l’odeur…). Et nous voilà à éplucher toute cette laine de ses saletés (je vous passe les détails), à la laver à grande eau, à la faire sécher et à la ré-éplucher – tout cela nous prendra 2 jours, et samedi, Felicidad débarque dans le jardin avec quatre petites dames quechua, qui baragouinent trois mots d’espagnol, pour apprendre à Eléonore à filer toute cette laine – et le miracle s’accomplit : avec un petit fuseau de rien du tout et un geste ancestral, la laine s’enroule, se double, se tortille jusqu’à l’obtention d’une très grosse pelote – Eléonore a compris le truc, fournit son quota, et embarque le reste de la laine vierge pour animer les longues après midi de route (sous la pluie). Felicidad congédie manu militari trois des petites dames pour nous laisser en compagnie de la dernière, Dona Francisca, qui a été la meilleure enseignante de la journée – nous la remercions vivement, avec force promesses de se revoir (nous devrons revenir en Bolivie, c’est décidé, mais en juillet, quand il ne pleut pas).
Enfin, dimanche sonne le départ – embrassades, émotion, échange de mails et de cadeaux : Felicidad couvre Eléonore de cadeaux, dont un merveilleux et très chaud châle en bébé alpaga – il faut dire que c’est son anniversaire le mardi suivant, 22 février, et que Felicidad se rend compte que son papa est mort à l’instant précis où Eléonore naissait – ce n’est plus le hasard mais le destin qui nous a mis en contact, c’est certain, et nous nous reverrons.

Dîner de gala !
Dimanche 20 donc, nous remontons vers Potosi. Comme nous connaissons la ville et ses ruelles en pente où il n’est pas facile de dormir, nous décidons de pousser jusqu’à une auberge mentionnée vaguement par le guide du Routard, à une quinzaine de km de Potosi. A nouveau, grande surprise ! Le Routard n’a pas du y mettre les pieds depuis longtemps : ce n’est pas une auberge qui nous attend, après quelques kilomètres de piste au milieu d’une riche vallée, mais une « casona » du XVIème siècle, d’une splendeur et d’une richesse inouïes. Après le pillage organisé par Belgrano, le Libertador argentin, les marquis sont restés sans le sou mais avec une collection d’œuvres d’art incroyable. Au début du XXème siècle, la maison est rachetée par un français qui fait fortune dans la mine, et ce sont ses descendants qui nous accueillent et nous font visiter. Impossible de ne pas tomber sous le charme, à la fois du lieu et de ses occupants, Arturo et « Coca », qui ont vécu dans la moitié du monde avant de revenir à Potosi s’occuper de l’hostal et de quelques enfants du coin qu’ils élèvent comme les leurs. On se lie d’amitié, les repas sont pris ensemble, et lundi 21 au soir, dîner de gala pour l’anniversaire d’Eléonore, dans la salle à manger antique, sous les regards de quelques saints peints depuis des siècles – incroyable ! Nous refaisons le monde (et la Bolivie de M. Evo) jusque tard dans la nuit, avec Arturo, Coca et Keith Richards (non, ce n’est pas lui…), un anglais installé à La Paz, que nous ramènerons à Oruro le lendemain. Au programme de ces deux jours, cuisine bolivienne, visite historique des lieux, baignade nocturne dans un lac (el « Ojo del Inca ») dont les eaux sont à 30°C, tout cela à 3500m d’altitude.

Jeanne continue avec pugnacité à réclamer un chien, car elle se lie avec tous ceux que nous rencontrons au fur et à mesure du voyage (cette fois c’est Whisky, le chien de Coca – elle décide d’ailleurs que le sien s’appellera Ti Punch…) – mais nous tenons bon !

La route pour Oruro est magnifique mais éprouvante : régime de grains et 5000m, mais nous arrivons sans souci avec l’idée de repasser la nuit sur la place où nous avons bivouaqué quelques jours auparavant. Et nous contactons Patricia, rencontrée par les Corbasson l’année dernière, qui est ravie de retrouver le camping-car et une autre famille de français – nous prenons un pot ensemble et catastrophe, Eléonore se fait piquer son sac par le musicien de service. Après quelques péripéties (annulation de carte bleue, recherche du voleur que le mari de Patricia a identifié mais qui bien sûr ne sait rien, changement de lieu de villégiature car les clés du camping car étaient dans le sac…), nous dinons avec Patricia. Et le matin, frayeur et étonnement : quelqu’un aurait trouvé le sac dans une poubelle, avec la carte de l’hôtel où Patricia travaille, et nous propose de le ramener : on retrouve nos papiers argentins, une vieille carte d’identité (mais pas la plus récente), les clés du camping car (soulagement), mais pas les i-Pod (grrrrr) ni les lunettes de soleil (re grrrr, mais bon, elles ne servent pas beaucoup en ce moment !). Et quand on dit au gars qu’il y avait une carte visa, mais qu’on l’a annulée, il file soit disant vers la poubelle magique et retrouve la dite carte bleue ! Comme son copain était la veille avec le musicien-voleur, nous n’avons pas beaucoup de doute : il est complice, et a voulu chercher une récompense. Il s’en tirera avec 40 pesos, car nous voulons éviter à Patricia qui nous a aidés toute la journée des soucis par la suite. Nous prenons vite un taxi pour revenir au camping-car, car nous avons peur que des complices aient fait un double des clés, et nous quittons Oruro dare dare : mauvaise expérience, mais qui nous a permis de rencontrer des gens si chaleureux – dans l’aventure, Patricia aussi nous couvre de cadeaux, souvenirs du carnaval qui se prépare pour la semaine prochaine, et qui est le plus grand d’Amérique du Sud après celui de Rio.

Nous voici donc revenus à La Paz (sous la pluie…), devant l’ambassade pour dénoncer le vol de la carte d’identité – nous avons choisi le lieu car il est bien gardé : j’ai vérifié, le gars est bien là, au chaud dans sa cahute, et dort comme un bienheureux !

Après deux faux départs pour le Pérou, le premier pour cause d’embouteillages à La Paz et le deuxième pour cause de grève nationale des transporteurs (nous n’avons pas osé forcer les barrages, même si les gars étaient apparemment sympas, de peur de prendre des pierres dans le pare-brise), nous voilà donc quittant la Bolivie, après une ultime nuit passée, comme d’habitude, devant chez Jérôme et Helga, nos amis de l’ambassade qui continuent à nous traiter comme des rois ! Passage de frontière amusant et arrivée ce soir à Puno, sur les bords du lac Titicaca, où nous retrouvons l’hôtel où nous étions passés l’an dernier lors de notre voyage avec les Corbasson. Demain, direction Cuzco pour quelques jours dans et autour de la ville, avec le Macchu Picchu en ligne de mire, sans doute encore sous la pluie – nous savons déjà que le camping de Cuzco est hors d’état (un camping car évacué par grue à cause de la boue !)

mercredi 16 février 2011

Bolivie, terre de contrastes


Après quelques semaines sans donner de nouvelles, voilà que nous enchainons les articles ! Il faut dire que la Bolivie est d’un extraordinaire attrait.
Nous avons donc quitté La Paz, son ambassade, ses garages, ses restaus, ses boutiques de trucs et bidules en tout genre, ses magasins de laine… pour le Sud.
Après une nuit à Oruro, que le routard nous décrit comme « minière et moche » mais que nous apprécions pourtant (une jolie place coloniale, des rues étourdissantes de monde, un accueil très sympa des flics qui nous permettent de bivouaquer sur la place, sans qu’on leur donne rien, c’est le plus étonnant !), nous repartons vers Potosi, plus au sud, par une route magnifique, enfin sous le soleil – c’est un coup de chance car la pluie redouble dans le pays.
Pour ceux qui, comme nous il y a peu, sont passés à côté de leurs cours sur la colonisation sud-américaine, Potosi c’est un nœud de l’histoire. Les espagnols ont découvert en 1545 (on vous passe les légendes sur la découverte en question) que la montagne qui dominait le village était un gigantesque gisement d’argent. En quelques années, Potosi deviendra la plaque tournante de l’Amérique latine, le symbole de l’opulence (des églises baroques à profusion, une « casa de la moneda » extraordinaire où l’on battait monnaie, des couvents, des bordels – autant que d’églises paraît il – et un casino où l’on pouvait jouer sa fortune, et jusqu’à sa femme), mais aussi celui de l’épouvantable domination des colons  (8 millions d’indiens y périront sous le joug du travail forcé, dans des conditions irréelles : 1 an de travail obligatoire, 18h par jour pour tout indien de plus de 15 ans, sans sortir de la mine – la plupart n’en sortait donc pas du tout…). On raconte qu’avec l’argent sorti de Potosi (et qui financera toute l’Europe), on pourrait  construire un pont jusqu’à Madrid, mais que la voie « retour » serait pavée des os de ses victimes… Bref, quand on a vécu en Amérique du Sud, il faut connaître Potosi. Nous bivouaquons (très en pente) dans les rues de la ville (4060m d’altitude quand même), nous arpentons ses ruelles et nous finissons par visiter le musée de la mine, très bien fait : nous nous enfonçons dans un boyau pendant 500m, dans la boue et l’obscurité, en suivant un guide bien chargé à la coca et à l’alcool (96°…) pour arriver dans des salles qui retracent l’histoire et les conditions de travail de la mine, toujours en activité (14000 mineurs s’y croisent chaque jour…). C’est effrayant, et magnifique aussi (les minéraux, argent, cuivre, zinc, étain… forment stalactites et ‘mites de toutes les couleurs. Nous en sortons bouleversés par l’absurdité de cette domination sans faille et par le contraste entre misère et opulence.
L’office du tourisme nous indique que les agences d’Uyuni ne vont pas jusqu’au salar, car il y a trop d’eau, et nous décidons donc de renoncer à Uyuni (heureusement que nous avions fait un tour dans le Sud Lipez depuis San Pedro de Atacama). Après une matinée passée dans diverses églises et clochers, avec des enfants qui trainent un peu la patte avant d’admirer la cathédrale en réfection, nous partons pour Sucre.
Ouf, nous voilà à seulement 2600m d’altitude ! Les organismes respirent, y compris celui d’Elliot, notre vaillant camping-car qui n’apprécie pas vraiment les démarrages matinaux en altitude par 4°C. Changement de décor : c’est le printemps permanent. Sous le soleil, la température est agréable, mais il fait frais le soir. La ville est blanche, coloniale, et nous rappelle Cordoue ou Grenade. Re-plein d’églises, de musées, de marchés colorés, de magasin d’artisanat. Mais surtout, une rencontre formidable : alors que nous cherchions une cour d’hôtel pour garer notre péniche (7,5 m de long, 3 de haut), nous sommes abordés par Miguel Angel qui nous propose le jardin de ses parents comme lieu de villégiature. Nous voilà donc installés sur une pelouse, avec Dona Felicidad et Don Alberto aux petits soins, qui nous récurent la salle de bain, installent Internet, débranchent leur installation électrique pour que le camping car passe… Ils veulent aussi réparer la douche, installer un lave-linge, nous donnent des pommes du jardin, nous conseillent sur la cuisine locale et ses plantes aromatiques… On se croirait chez Maïa à Valensole (il y a 20 représentations de la Vierge dans la petite maison qui nous sert de salon, un chapelet sur le portail, quelques angelots en liège qui volètent …), et c’est formidable ! Nous leur offrons l’apéro (comme Maïa, Dona Felicidad appécie le Ti Punch…) et Don Alberto sort sa petite guitare folklorique, et nous parle de la tradition musicale bolivienne, et de Luzmila Carpio, très célèbre chanteuse et ambassadrice de Bolivie en France semble-t-il. C’est pour ces rencontres que nous voulions voyager, nous sommes enchantés !

samedi 12 février 2011

La Bolivie, un autre monde…

Comme le disait le « dernière minute », nous sommes donc passés finalement en Bolivie après quelques détours pour cause de pluies diluviennes sur l’Altiplano (il paraît que c’est un coup de la Nina …). La route a été longue et compliquée ! Nous sommes donc montés jusqu’à Arica, à peine à quelques kilomètres du Pérou, pour emprunter la seule voie réellement praticable entre le Chili et la Bolivie – 100 km de montée, de la mer jusqu’à la frontière à 4700m d’altitude, le tout sous la pluie et dans le brouillard. Nous ferons une halte nocturne vers 3500m, aussi étrange que salutaire. Etrange car nous dinerons avec Andrea, une femme chilienne et deux de ses 6 enfants, qu’elle et son mari issus de la bonne société chilienne, ont décidé d’élever au milieu de nulle part, sans les scolariser… En gros, elle est contre tout système, avec une petite dose de paranoïa. Il faut que les enfants ne voient personne d’autre que leurs parents jusqu’à 15 ans, mais elle aimerait quand même bien que le gouvernement la subventionne… Nous serons un peu interloqués, et choqués par un discours prônant le retour à la nature (plutôt version Cro Magnon), mais dans une maison répugnante de saleté. Mais salutaire parce que l’ascension est rude et la route compliquée sous la pluie.
Nous passons donc en Bolivie, le premier contact est chaleureux et conforme aux prévisions : premier douanier, première « coima » ! Je refuserai de payer la deuxième au deuxième douanier, et cela ne posera aucun problème ! Mais nous nous heurtons aussi à l’altitude – les organismes sont mis à rude épreuve, Jeanne tombant même dans les pommes à la frontière. On s’en sortira avec un peu d’oxygène et du « maté de coca », la feuille miracle… La route qui suit est absolument extraordinaire, jusqu’au petit village de Patacamaya, à travers l’altiplano, et toujours sous des cieux très menaçants. Le routard nous la vante même comme « la plus belle route de toute la Bolivie » !
La première nuit en Bolivie est déroutante après deux mois de civilisation : tout est bruyant, sale, voire infect, mais très coloré, énergique, ébouriffant. Le contraste avec le Chili, à 2h de route est énorme, et Joseph résumera l’absurde de la situation d’une jolie phrase : « mais, si ils sont pauvres les boliviens, ils devraient nous faire payer plus cher… ».
Le petit hôtel qui nous accueille dans sa cour, est innommable, mais le tenancier nous indique une bonne adresse à La Paz : son copain est le mécanicien de l’ambassade de France ! Nous décidons donc de faire confiance à la providence et d’essayer de régler ce problème de moteur au plus vite, en allant d’abord à La Paz – on n’est plus à un détour près…
La succession de coïncidences à La Paz sera très amusante et sympathique. Le copain est effectivement le mécano de l’ambassade, et il m’emmènera voir un garage de ses amis où nous ferons un bon nettoyage de l’admission… sans pour autant éteindre le témoin lumineux ! On trouve finalement un atelier Ford dans la ville, à exactement 20 m de l’ambassade de France d’où nous étions partis ! Le verdict était prévisible, la vanne dite « EGR » qui recycle les gaz du moteur n’est prévue que pour les jolis diesels bien propres de l’Europe, et elle est toute encrassée… Deuxième cours de mécanique en 2 jours, pendant qu’Eléonore et les enfants visitent la ville (et les boutiques de laine…). Nous passons cependant un séjour formidable à La Paz grâce à l’ambassade en général, et à Jérôme en particulier, le conseiller culturel qui nous invite à garer le camping-car devant chez lui : nous passerons 3 jours avec lui et sa famille (holà Helga !). Nouvelles coïncidences : il a passé ses vacances d’enfant à Jupille dans la Sarthe et connaît bien Saint Mars, et a rencontré mon cousin Bernard en Ouganda ! Les enfants sont ravis de passer un peu de temps avec des copains de leur âge, habitués comme eux aux déménagements, et Helga nous accueille comme des rois dans cette ville dantesque : 1000m de dénivelé, des ravins et des surplombs partout, un trafic chaotique et hyper-pollué, mais un charme génial grâce à la présence des traditions ancestrales indiennes (vente libre de fœtus de lama « pour protéger ta maison de mauvais esprits », de talismans porte-bonheur « pour tout » ou de poudres de perlimpinpin - au choix : la poudre pour voler, la poudre de domination, la poudre pour une bonne mort, la poudre pour dégoûter les alcooliques…) – on a adoré La Paz !

Le petit témoin lumineux finalement éteint (pour l’instant…), le camping car montrant des signes de bien être (110 km/h en 6ème à 4000m, c’est quand même pas mal !), nous remettons le cap au sud, bien décidés à rejoindre Potosi, sa mine et ses trésors baroques, Uyuni et son salar et Sucre, la vraie capitale du pays, avant de remonter au Pérou, via le Titicaca !

mardi 8 février 2011

Chili, le grand Nord


Nous avons laissé le blog il y a plus de 10 jours, à notre entrée dans le désert d’Atacama… et nous y sommes toujours !
Heureusement, nous avons regardé en famille un épisode de « C’est pas sorcier » sur le désert d’Atacama, qui nous a éclairé à défaut de nous mettre au vert… Des histoires très compliquées de nuages qui convexent au dessus de zones plus ou moins chaudes ou froides, ou humides ou sèches, je ne sais plus très bien, pour arriver à la conclusion que oui, à défaut d’être très chaud (on supporte très bien une petite laine), ce désert-ci est vraiment très aride (merci, on avait bien compris sur place !!) – en deux mots, tous les nuages passent au dessus et il ne pleut que sur les Andes.

Nous avons donc commencé notre balade dans le coin par une visite très mémorable de l’observatoire de l’ESO au Cerro Paranal, grâce à Henri, de passage. Le site est extraordinaire (Joseph voudrait arrêter le voyage là et s’installer au Paranal – nous serons un peu déçus en comprenant que c’est plus pour la piscine de la résidence des astronomes que pour son intérêt pourtant réel pour les étoiles…), les télescopes sont gigantesques et les détails d’une précision diabolique – il faut corriger les perturbations engendrées par les pompes des systèmes ultra-sophistiqués qui eux-mêmes corrigent d’autres perturbations ! !  Le lieu est extraordinaire de jour, même si les conditions météo ne sont pas parfaites – au reste, les télescopes n’ouvriront pas cette nuit là. Nous pensons nous rattraper à San Pedro où un français a installé un superbe observatoire pour les touristes, dans ces lieux réputés pour avoir les cieux les plus clairs de la planète, mais nous allons un peu déchanter car le ciel restera couvert toute la semaine, sur les Andes. C’est « l’hiver altiplanico », autrement dit la saison des pluies, et il est particulièrement corsé cette année : pas d’étoiles donc… Au Cerro Paranal, le frigo du camping-car tombe en panne – je m’inquiète, m’insurge contre le fabricant, mais nous sommes juste tombés, comme des bleus, en panne de gaz… Le diable est vraiment dans les détails !

Ceci dit, les journées à San Pedro de Atacama sont quand même chargées et pour tout dire, assez exceptionnelles, même si le flux ininterrompu de touristes nous pèse parfois un peu. Jugez plutôt : mercredi 26, arrivée à San Pedro où nous passons l’après-midi avec Pauline, la marraine de Jeanne, en voyage nord-sud. Nous trouvons un camping, car nous savons que nous passerons plusieurs jours sur place. Jeudi 27, tournée des agences d’excursions, puis balade à la laguna Cejar, plus salée que la mer morte – on rigole bien en flottant tous – puis coucher de soleil à la vallée de la lune, au milieu des 450 autres touristes. Nous rencontrons Rodrigo, un guide indépendant avec qui nous passerons 2 jours, pour éviter ces hordes de touristes. Vendredi 28, départ, en camping car et avec Rodrigo pour quelques lagunas (des lacs de haute montagne, à 4600m d’altitude), à 150 km (de tôle ondulée…) de San Pedro, en dehors des sentiers battus. Le camping-car joue son rôle d’essoreuse à salade et nous décidons de voir les geysers le samedi avec un 4x4 (et Rodrigo) – grosse déception tout d’abord, les geysers ne sont pas très spectaculaires (on s’est levés à 4h du mat car ils ne jaillissent qu’au lever du soleil, le tout à 4300 m !), mais Rodrigo nous emmène voir des flaques de boue de toutes les couleurs, magnifiques. Retour tardif et diner avec un improbable couple germano-colombien qui voyage avec une fille de 12 ans et 3 chiens !!! Dimanche, grasse mat et messe dans la très jolie église de San Pedro. Lundi, journée magique en Bolivie, en 4x4, près des Lagunas coloradas, blanche, verte et rouge et peuplées de flamants roses par milliers – il faut regarder les photos, c’est vraiment facile de se prendre pour un photographe là bas. Nous qualifions cette journée de « choc », comme le furent les baleines de la Peninsula Valdès ou le Torres del Paine (et, pour ceux qui suivent le blog en détail, le Bosque Petrificado argentin, du moins certains le pensent). Choc surtout pour Joseph qui ne supporte pas très bien le séjour au dessus de 4900m – nous achèterons de l’oxygène pour nos prochaines escapades en altitude – on est quand même au dessus de Mont Blanc !
Nous pensons partir mardi, mais nous sommes retenus par notre sociabilité ! En effet, nous avons rencontré Marie et Pascal, du Québec, et Laurent et Nathalie, de Chambéry avec qui nous dînons – prouesses culinaires de Madame, comme d’hab ! Et c’est sans compter l’arrivée de 2 familles chiliennes très sympathiques et pleines d’enfants…  Nous sympathisons et quittons finalement San Pedro mercredi 2 février, au milieu d’une procession à la Vierge de la Chandeleur, manifestement patronne du village – on se croirait à Rio pendant le carnaval, les filles sont aussi court vêtues, mais tout ce monde là termine à l’église, avec tambours et trompettes.
Notre idée initiale était, après avoir écumé les richesses aux alentours de San Pedro, de passer en Bolivie en montant au passage suivant, en partie asphalté, vers Uyuni et son incroyable salar – l’an dernier, les Corbasson, avec le même camping car, avaient traversé directement à travers le désert avec un guide en 4x4, mais je sais que je n’apprécierai pas le voyage, donc nous serons raisonnables. Sans doute à juste titre d’ailleurs, car « l’hiver altiplanico » étant, on l’a vu,  particulièrement sévère cette année, les salars sont inondés, et il n’est pas question, nous disent les carabineros, de passer par Ollagüe : ils ont coupé l’accès, et il faudra attendre 4 ou 5 jours après la fin des pluies pour ré-ouvrir – on risquerait au mieux de rester bloqués dans la boue, au pire dans le salar, en bousillant tout ce qui se corrode : joints, tuyaux… avec le sel.
Nous devons donc prendre notre mal en patience et décidons de faire le grand détour par l’extrême nord du pays avant de redescendre vers Uyuni, Potosi et Sucre – 1500 km de détour (nous venons de franchir le cap des 10.000 depuis notre départ). A quelque chose malheur est bon : le détour nous permet de passer par Chuquicamata où nous visitons la mine de cuivre la plus gigantesque du monde (un petit trou à ciel ouvert de 1000m de profondeur, et de 8 km par 3…), et sa ville fantôme (jusqu’en 2004, 25000 personnes y vivaient, à 500m de la mine, alors qu’on nous contraint à porter des vêtements longs pour une visite d’une heure, car « l’arsenic dans l’atmosphère pourrait vous irriter » !!!) – le gigantisme est assez irréel… Et puis, halte obligée de 3 nuits à Iquique, station balnéaire à mi-chemin entre La Baule et Palavas les flots, pour des raisons d’intendance : vendredi après midi, au moment de repartir, un témoin s’allume sur le tableau de bord : il faut faire nettoyer le système d’admission du moteur, encrassé par la qualité du diesel et de l’huile.

Malgré tout, nous sommes bien décidés à faire ce détour par la Bolivie et ses merveilles, Uyuni et son Salar, Potosi et sa mine d’argent qui a fourni l’Europe et financé la révolution industrielle, et Sucre, admirable ville coloniale et véritable capitale du pays. Tant pis pour les délais ! Nous pensons néanmoins être dans les temps pour être à Carthagène en Colombie fin mars, et entrer aux Etats Unis fin mai.

Dernière minute, le 8 février : nous avons réussi à passer en Bolivie, mais le problème moteur recommence, et il n’y a plus de Ford ici ! Et il n'arrête pas de pleuvoir... Mais le moral est bon ! Les vraies aventures commencent…