samedi 15 janvier 2011

Confesso que he vivido… Je confesse que j’ai vécu… (con castellano, e con italiano !)


On comprend assez bien le titre de ce poème de Neruda quand on traverse le Chili.
Nous commençons donc l’année 2011 et notre balade au Chili par le sud et ses paysages alpestres, avec volcans en prime. La région de Pucon est magnifique, le port accueillant, mais le volcan fume au dessus de nos têtes pour nous rappeler la précarité des lieux. Après une petite journée de plage sur le lac, où l’eau est plus chaude que dans le Pacifique, nous partons pour un autre parc national avec la ferme intention de monter au cratère Navidad, à côté du volcan Lonquimay – las ! le chemin est ardu, sablonneux – nous faisons de la godille dans les scories, avec un joli ravin sur le côté gauche ! Petite attaque de vertige, nous décidons de redescendre sagement pour une randonnée dans les bois, au milieu des bambous. Nous ne pourrons pas aller au parc suivant, la route a été coupée par la lave en 2008…
Après avoir laissé Pucon, le sud du pays, ses parcs volcaniques, ses thermes (une petite vallée où se mêlent eau fraiche et eau volcanique, pleine de fleurs exotiques, avec des bassins en ardoise aménagés en cascade, à ciel ouvert, au milieu de passerelles en bois rouge… Une après-midi à Osaka !  on a dû passer à travers une déchirure du continuum spatio-temporel), ses hôtels germaniques avec Kuchen au petit déjeuner et ses paysage bucoliques, nous assurons une transition en douceur en passant par le Pacifique : petite halte à Buchupureo, microscopique village vaguement balnéaire où nous bivouaquons 2 nuits consécutives sur la plage. Journée difficile, jugez plutôt : après une nuit bercée par le ressac (et la musique électro-latino d’un auto-radio de jeunes gens avinés…), les enfants font une balade à cheval sur la plage pendant qu’Eléonore et moi préparons la demi-douzaine de gros crabes sortant de l’eau que nous avons achetés au pêcheur du coin, sur la plage. La sieste est bienvenue, surtout après une autre soirée passée en compagnie d’un couple chilien, Rodrigo et Carolina, à découvrir les effets de la Piscola (pisco et coca, hips…).
Le Chili est un pays de très forts contrastes : nous ne voyons ici que quelques traces du tremblement de terre de mars dernier, Buchupureo en ayant été quasiment l’épicentre, mais la vie continue et les Chiliens sont très fiers de leur reconstruction en cours. Mais Rodrigo et Carolina nous racontent aussi les scènes terribles qui ont suivi le tremblement de terre, alors qu’une crise de panique s’est emparée des habitants pendant quelques jours – on se croirait dans Mad Max, manifestement l’ambiance post-apocalyptique est bien décrite par les écrivains et les cinéastes : pillages, hyper-égoïsme, esprit clanique de ceux qui ont souffert. Il semble que cela ait été un choc pour les chiliens eux-mêmes, si sages et organisés d’habitude, de se découvrir cet autre visage. Leur réaction a cette faute de gout a été exemplaire, car malgré la force de la secousse, les travaux ont été menés tambour battant – un an après, il reste des dégâts sur des maisons comme on le verra plus tard, mais les services publics et tous les moyens de communication sont en parfait ordre de marche. N’oublions pas que la secousse en question a dépassé les 9 sur l’échelle de Richter, contre un « petit » 7 en Haïti où les dégâts sont pourtant bien plus terribles.

Après cette jolie halte, nous repartons, toujours vers le nord (on ne changera pas beaucoup de direction dans les mois à venir !). Nouvelle surprise : nous quittons la Bavière pour la Provence ! La petite cordillère qui longe la grande, le long de la mer, est un pays de cocagne : collines douces, soleil 8 mois sur 12, eau, fleurs, forêts d’eucalyptus, vignes et oliviers… Il y a même des tuiles de terre cuite ! Nous allons donc passer deux autres nuits dans la vallée de Colchagua, à arpenter les vignes (et les caves – nous ne repartons pas les coffres vides… bilan : quelques bouteilles de Montgras et de Araucano, propriété d’un français, François Lurton) dans un paysage que nous adorons même s’il ne nous dépayse pas beaucoup. Le musée de Santa Cruz, plus grand musée privé d’Amérique du Sud, nous enchante et nous donne un avant goût des bijoux et céramiques de toutes les civilisations que nous allons croiser dans les mois à venir : mapuches, nazcas, incas, mayas, olmèques, aztèques etc… La salle des automobiles anciennes séduit les enfants, et nous tremblons dans la salle réservée aux armes, avec une attention particulière portée aux armes nazies – il semble que cela n’ait pas été très difficile de retrouver tout cela au Chili… Il faut dire que le charmant mécène de la région, collectionneur d’art pré-colombien, propriétaire de vignobles, d’hôtels et de casinos dans le coin, est avant tout un sombre marchand d’armes, persona non grata en dehors du Chili. Plus de volcans, mais ça sent quand même le souffre (cela doit être la popote bordelaise des vignes alentours…).
Autre surprise : les dégâts du tremblement de terre sont beaucoup plus visibles ici – non pas sur les infrastructures, excellentes dans tout le pays (on n’ose imaginer comment l’Argentine, ou la France, auraient réagi face à ce cataclysme…), mais dans les villages : églises anciennes et maisons coloniales à foison, construites en adobe (en pisé, briques de terre crue) sont au mieux éventrées. Quelle tristesse… Ce sont 300 ans d’histoire qui s’envolent : le Chili est une terre de secousses, mais sans doute aucune n’avait si directement touché ce petit coin de paradis depuis plusieurs siècles. A Lolol, un village qui a été magnifique, toutes les maisons anciennes sont marquées par un sigle à la peinture fluo « derrumbo 90% - 5/3/2010 – no entrar », et pourtant les habitants sont toujours dedans, préférant leurs ruines aux maisons pré-fabriquées, pas mal d’ailleurs, que le gouvernement, pourtant en pleine transition entre deux présidents,  a fourni en quelques semaines à 300.000 familles – oui, les chiliens ont vraiment de quoi être fiers…
Le vin est bon, les paysages magnifiques, les gens adorables… On comprendra aisément que nous prenions le chemin des écoliers pour rejoindre Valparaiso : après 300 nouveaux kilomètres de route provençale sinueuse (les routes sont excellentes, mais ont un peu tendance à tourner en épingle à cheveux dans une pente à 20%, ce qui nous donne quelques frissons et nous prépare pour la Bolivie…), nous rejoignons de nouveau la côte quelques dizaines de km avant Valparaiso (c’est amusant : dans l’intérieur, chaque village a son plan d’évacuation en cas d’urgence volcanique, et sur la côte, son plan d’évacuation en cas d’alerte Tsunami…). Visite d’une des maisons de Pablo Neruda à Isla Negra dont nous tombons amoureux – 600 m2 de bric à brac, vue directe sur le Pacifique, on peut dire que le poète savait vivre… - avant d’arriver à Quintay-Playa Grande, petit village de pêcheurs extraordinaire : au programme, visite de l’ancienne usine baleinière (un massacre épouvantable), pot au soleil avec crevettes au pili-pili, tout en regardant les garçons du coin faire du surf et jouer avec un lion de mer curieux, et en rigolant devant le tournage d’une scène de télé-novella : le héros et sa fringante bimbo s’embrassent à bouche que veux tu devant les caméras insistantes et les enfants médusés – la très grande classe ! Mais quel bonheur en voyant le fameux rayon vert au coucher du soleil…
Neruda nous a mis quelques jolies phrases en tête qui vont nous accompagner : « regresé de mis viajes, navigué, construyendo la alegria», ou bien « je voudrais faire avec toi ce que le printemps fait aux cerisiers », ou encore « si je n’ai pas ma montre quand je meurs, à qui pourrai-je bien demander l’heure ? »
Neruda a d’ailleurs inspiré les enfants – devinez qui !
Vroum, vroum, c’est le camping car
Vroum, vroum, le voilà qui part
Ça y est on est parti
A Tahiti, vers l’infini,
Quelques larmes au début
Mais on s’y habitue
Beaucoup de gens m’ont dit
Par là, par ci,
« Waouh, quel voyage ! »
Mais j’avais la tête dans les nuages
C’est seulement maintenant
Après un bon bout de temps
Que je m’en aperçois
Et que je crie de joie !

Nous venons d’atteindre Valparaiso dont nous vous donnerons des nouvelles (le premier coup d’œil nous a enchantés, et émus car on se sent à Gênes dont on est si nostalgique), puis Santiago dans quelques jours, avant de filer à San Pedro de Atacama, où nous espérons retrouver Pauline, la marraine de Jeanne et Henri, notre ami astro-physicien, qui sera sur place au même moment.
A bientôt pour la suite des aventures !

Carissimi,
Facciamo un viaggio incredibile… dai volcani del sud de Chile, siamo passati adesso alla regione dei vini (stupendi…) e poi arrivati alla affascinante Valparaiso, sta sera, dove ci sentiamo a casa : ci sembra la Genova de Sud america, e questo ci fa piangere d’emozione tanto ci manca !!! Ogni giorno pensiamo che la casa nostra sta en Italia…
Vi mandiamo dei baci enormi.

Queridos,
Recien llegamos a Valparaiso despues de 2 semanas en el sur de Chile, entre los volcanos de Pucon (Gracias a Aldo !) y los vinos de la valle de Colchagua – son super ricos… Pero vemos muchas huellas del terremoto del ano pasado, y la verdad, estoy muy orgulloso de la ayuda que hemos dado a los colegas de Chillan porque es muy impresionante lo que paso acà… Estamos re bien, viajando con Pablo Neruda, construyendo la felicidad…
Un beso enorme a todos

1 commentaire:

  1. je suis toujours la caravane, toujours pasionnée
    oar vos récits bises de nous 2
    katia silvano

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