jeudi 7 avril 2011

Dans l’hémisphère Nord !

Aux dernières nouvelles, nous venions donc de passer la frontière de l’Equateur. Pas grand chose à dire sur les derniers jours au Pérou, si ce n’est que nous avons vu deux ou trois beaux sites antiques, Chan Chan et la Huaca de la Luna en particulier, sans oublier le musée du Seigneur de Sipan, extraordinaire mise en scène de la tombe de cet ancien seigneur couvert d’or, et un autre, Tucume, certainement passionnant pour les archéologues mais nettement moins pour nous. Après de nouvelles longues heures de désert le long de la côte, nous bifurquons enfin vers l’intérieur, les montagnes, pour entrer en Equateur.
Direction Cuenca, magnifique ville coloniale qui nous rappelle Cusco, mais en plus authentique et sincère, où nous attendent Pablo et Lushi, oncle et tante de Daniel, le boy-friend de notre très chère Grande Jeanne. Coïncidence, Daniel arrive en même temps que nous de Miami où il vit pour un mariage familial. L’accueil de Lushi et Pablo est extraordinaire et nous passons 3 jours merveilleux avec eux à nous promener en ville, et surtout à chercher les meilleurs Panamas – bizarrement, c’est de Cuenca dont ils sont originaires, et les ouvriers les utilisaient pour la construction du canal, il y a un siècle, d’où l’appellation usurpée ! Le procédé est long et minutieux, et la qualité de la paille et du geste font briller les yeux d’Eléonore.  C’est décidé, elle fera un deuxième voyage d’approfondissement de tous les artisanats du continent ! 
Pendant nos déambulations, nous tombons sur les guérisseuses dûment approuvées par la municipalité, et Joseph passe entre leurs mains pour une séance de  « en moins de deux je te guéris de tes cauchemars et de ta mauvaise humeur » : on le frotte à coups d’herbes aromatiques, puis avec un œuf (qui une fois cassé lui prédira un grand avenir), puis enfin la guérisseuse lui crache diverses substances  sur tout le corps ! Muy divertido ! 
Nous piqueniquons à très haute altitude le dimanche (28 mars), dans le Parc national Cajas, à quelques kilomètres de Cuenca, et puis nous reprenons la route, en accompagnant Daniel à Guayaquil où il reprend son avion pour la Floride, et non sans échapper à un contrôle policier en prenant littéralement la fuite en faisant un grand sourire aux policiers qui voulaient nous arrêter. Parfois, ça sert de faire le gringo qui ne comprend rien ! Sur les conseils de Lushi et Pablo nous partons pour deux jours de vacances sur la côte Pacifique : le courant de Humboldt, qui nous suit depuis l’antarctique le long des côtes daigne enfin s’éloigner vers les Galapagos et la mer est enfin chaude. Joli jardin exotique, promenade à cheval sur la plage, et repas gastronomiques à gogo (cocktails exotiques, noix de coco, fruits de la passion, crevettes, bananes plantains…) – l’Equateur est un vrai paradis, et le soleil est enfin au rendez vous, mais sur la côte seulement…
Nous remontons vers les montagnes et la pluie donc, qui nous empêche de voir « l’avenue des volcans », une sorte de chaine des puys en grande dimension, neiges éternelles et sommets à 6.000 m au programme. Nous arrivons donc à Quito, deuxième plus haute capitale du monde après La Paz (et devant Bogotá : on les enchaîne ! Lhassa n’a qu’à bien se tenir !). Surprise à Quito : Lushi est passée par là et sa grande copine Juana, mariée à Gérald, un Basque bien sympa, et leur fils Andoni nous ouvrent leur maison, leur frigo, leur douche et surtout leur cœur ! Trois jours de balade à Quito (très belle surprise, la ville coloniale elle aussi est très jolie, et l’église jésuite est un trésor, au niveau de Monreal en Sicile ou de San Marco à Venise), de petites bières, de rouges et de blancs, de rigolade, de grande cuisine, équatorienne et française. Grand échange de recettes avec démonstrations à l’appui : ceviche de camarones (des crevettes marinées avec oignons et citron vert) contre gratin dauphinois, fanesca (une soupe spéciale semaine sainte aux 12 céréales et bacalà, la morue séchée qui nous rappelle Gênes - on vous fera goûter tout cela…) Nous rencontrons la famille, les copains (le papa de Juana tente un concours de Aguardiente, mais à 32°, c’est du velours ! la petite nièce de deux ans décide que je ne suis pas un amigo mais un señor…), bref, c’est comme à la maison – et puis c’est amusant de voir que Juana et Gérald, avec leurs deux enfants, ont fait la même expérience que nous (un an en camping car en famille) il y a trois ans, même si pour eux l’exotisme était autour du bassin méditerranéen !
Entre temps, nous parlons avec les Lacombe, nos amis de Bogotà, et nous décidons de repartir vers le Nord pour les rejoindre avant le week end prochain. Mais nous sacrifions auparavant au rituel touristique de Quito : la mitad del mundo, le passage de la ligne. Site officiel façon Disneyland, mais petit musée scientifique très amusant, à cheval sur la vraie ligne – les expériences que nous faisons sont déroutantes : sur la ligne, la force de Coriolis s’annule (un œuf tient sur la tête d’un clou), on pèse moins lourd, on a moins de force, moins d’équilibre, l’eau qui se vide ne tourne pas (alors qu’un mètre au Nord ou au Sud, les tourbillons se forment, en sens inverse), sans oublier le cadran solaire double : la moitié de l’année, l’ombre est au nord, l’autre moitié, elle est au sud.

Nous voici donc en route pour la Colombie, après deux semaines superbes mais frustrantes car trop courtes en Equateur, et nous nous rendons compte qu’en même temps que nous avons passé l’équateur, nous avons aussi franchi la moitié de notre voyage. Petit bilan à mi course donc :

  • -       première certitude, c’est vraiment formidable de voyager, longtemps et en famille. Non pas qu’il n’y ait jamais de tension bien sûr (le jardin est grand, mais la maison est petite… je suis allergique aux contrariétés, Eléonore au froid, Marthe à la Techno, Jeanne à l’absence de chien et Joseph à l’écriture !), mais l’expérience est unique (« nadie te lo podrà quitar », comme me l’a dit un chilien un jour)
  • -       deuxième certitude : les plannings ne servent à rien, les circonstances sont là pour tout changer (pluie, DHL, ennuis mécaniques, rencontres, routes sinueuses, altitude…)
  • -      troisième certitude : tout voyage est toujours trop court ! Si nous avions deux ans, nous en aurions besoin de trois, c’est certain…
Et puis il ya les phrases rituelles : « Est ce que tu as fermé derrière ? », « Est ce que le frigo marche ? » ou plus souvent « Tiens, le frigo clignote ! », « Zut on a oublié de vider l’eau sale… », « Papa, on est bientôt arrivé ? », « Papa, on est encore au Pérou là ? », « Maman, est ce qu’on peut regarder un film ? » qui précède souvent de peu « Les enfants, regardez par la fenêtre au lieu de regarder un film ! ». Et puis il y a eu de célèbres « incroyable, ça monte encore ! » en Bolivie.
Quelques chiffres : 18.000 ? le nombre de km au compteur. 5200 ? L’altitude maximum à laquelle on est monté (en Bolivie). 6 ? Le nombre de drapeaux collés sur les flancs d’Elliot, notre vaillant camping car (on a triché en mettant l’Uruguay où nous avions été avec les Corbasson l’an dernier !). 3 ? Le nombre d’heures qu’il nous faut en moyenne pour passer une frontière. 150 ? Le nombre de kilomètres par jour (ce qui ne présage pas du tout du temps passé à rouler !). 8, en heures ? La journée de route la plus longue (l’entrée en Equateur).

Petit inventaire à la Prévert de ce que les enfants ont en tête après 4 mois de voyage – sic :
Marthe : rencontres, Paris, Equateur, New York, Grands-parents, Colombie, CNED, facebook, camping-car, famille, amour, joie, inconfort, tolérance, humour (le plus important), sac de couchage, dépression, nouveau, ambigüité
Jeanne : ennui, souvenirs, CNED = nul, travail, pas de vacances, stress, énervée, pas d’espace, tronche, mal élevés, famille, aimer, nostalgie, fatigue, incroyable, éblouissant, tout cassé (le camping car…), gens, magnifique, douche froide, pluie, froid, sale, Chettie, Gipsie, Whisky (les chiens rencontrés en route), Mike & Trish, les copains
Joseph : Valparaiso, Andoni (le fils de Juana et Gérald), Chettie (la chienne de Mike et Trish), Equateur, Luc (le copain qu’on va retrouver à Bogota), Bonhomme de neige (celui qu’on a fait à Ushuaïa), Tia Lushi, les bibliothèques de l’Alliance Française, Noël, mon parrain Manu.

Mais au bout du compte, plus que tout paysage, plus que tout monument, plus que tout et par dessus tout, ce que nous retenons, ce sont les rencontres que nous avons faites, brèves, fortuites, drôles, émouvantes… qui rythment notre promenade : argentins, chiliens, boliviens, péruviens, équatoriens, français, belges, américains, allemands, suisses, backpackers, voyageurs, familles, garagistes, vacanciers, amoureux, et sans oublier les chiens… merci à tous !

Dernière minute désormais traditionnelle : nous sommes passés en Colombie ! Nous venons d’arriver après une longue et très belle route de montagne à Popayan, dans le sud du pays, une jolie ville coloniale qui semble ressembler à Cusco ou Cuenca (façades blanches, églises baroques, balcons…), mais on est arrivés un peu tard… – plus d’informations à venir !

2 commentaires:

  1. Quel plaisir de vous lire...J'y retrouve même quelques avis partagés sur le voyage ! La belle aventure continue donc pour vous, comme pour nous. Nous sommes a Arequipa, en preparation pour un petit trek dans le Canyon de Colca, ensuite ce sera Cusco et ses environs puis la Bolivie, Enfin!
    Merci pour les contacts belges sur Huaraz, nous avons vecu une jolie rencontre avec Lot et Laurens.
    La bise à toute la famille
    Elodie (et Julien), les Tripanoux

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  2. Hola! Los vimos mi hija y yo en la calle aqui en Bogota. Fue la semana pasada. Supongo que estaban llegando, si el 7 de abril estaban en Popayan. Vimos su "camping car", con un bonito letrero en la parte de atras que retrataba la familia y su direccion de internet. Nos llamo mucho la atencion y por eso decidi buscar su blog. Resulta un viaje muy emocionante y ya mis hijos andan proponiendo "dos años de vacaciones". Espero que disfruten su estadia en mi pais. Es mas bello, calido e interesante de lo que dicen las noticias. Un abrazo. Claudia Mendez y familia

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