lundi 13 juin 2011

Ca commence à être un peu juste…

Après la pompe à huile et la vanne EGR, c’est le tour du turbo de faire des siennes… une espèce de Zzzzzzzz de très mauvais augure qui nous coince à Mexico depuis déjà une semaine : on essaie de réparer car il faudrait un temps fou pour faire venir la pièce depuis la France. En effet, mystère des constructeurs automobiles, le Ford Transit est construit quelque part en Europe pour le monde entier, mais entre le modèle américain et le modèle européen, les ingénieurs se sont amusés à tout changer ! Pas de pièce de rechange idoine sur le continent américain donc… Les mexicains sont charmants et serviables au possible, mais fidèles à leur réputation : tout est toujours presque prêt, et puis ensuite on vous explique « lo que hay es que… mi tia se muriò » - la vieille tante a bon dos pour expliquer n’importe quel retard. Conséquence donc : depuis une semaine, et contrairement à nos plans, nous sommes coincés à Mexico. Heureusement, Anaïs, Andrès et ses parents sont toujours aux petits soins pour nous : nous sommes logés (pas très glamour de dormir dans le garage Ford) et ils nous prêtent une voiture, ce qui nous permet quelques balades en ville.

Mais comment en sommes nous arrivés là depuis notre lointain séjour à San Cristobal de las casas, en plein Chiapas ? Nous avons commencé comme prévu par un week end extraordinaire sur la côte pacifique, à Punta Zicatela, près de Puerto Escondido, où nous sommes accueillis dans la très jolie maison de vacances des parents d’Andrès – week end farniente à regarder la mer se fracasser sur la plage en énormes rouleaux, à se prélasser au bord de la piscine, à écraser quelques tarentules (beurk), à ramasser des crabes perdus dans la piscine et à fêter l’anniversaire de Joseph. Il aura d’ailleurs le plus beau cadeau d’anniversaire qui soit : alors que nous regardons la mer, Eléonore aperçoit un sillage blanc très rapide – le temps de lever les yeux, nous voyons un orque sauter, se retourner et retomber sur le dos dans une grande gerbe d’écume – waouh !
Transfert de tortues
La veille, nous étions passés à Mazunte, petit village vaguement hippie mais surtout très intéressé par l’argent des touristes, pour visiter un centre d’étude consacré aux tortues marines. Moment génial, une laborantine propose aux enfants de l’aider à transvaser des bébés tortues d’un bassin à un autre – tout le monde prend son bébé tortue dans la main, on se prend pour Greenpeace et c’est magique.

Nous avons beaucoup de mal à quitter Punta Zicatela, petit coin de paradis terrestre, mais nous décidons de suivre notre chemin, comme prévu, vers Oaxaca, ville coloniale au sud de Mexico. Comme en Colombie, la route est étroite et tournicote, mais on était prévenu et on a prévu la journée. Bien nous en a pris… En effet, à mi-chemin, et après 254 « topes », les fameux gendarmes couchés mexicains qui sont plutôt Sergent Garcia que Don Quijote pour le profil, nous nous heurtons à un barrage : les habitants d’un village indigène du coin ont coupé la route principale de l’Etat de Oaxaca pour manifester contre leur maire qui semble-t-il pique largement dans la caisse. On a assez envie de les croire, quand on voit que le village où nous sommes arrêtés, pourtant à un carrefour important, n’a pas de réseau cellulaire… Bref, les autres voyageurs bloqués semblent aussi compatissants et personne ne s’énerve, alors que l’attente durera quand même 6 heures ! Nous finissons la route pour Oaxaca de nuit, en convoi, pour terminer dans une station-service : il est trop tard pour chercher le camping.

Atelier d'alebrijes
A Oaxaca, première étape chez Ford pendant qu’Eléonore et les enfants essaient de visiter la ville – mais là aussi il y a un conflit social, et tout le centre historique est sous des bâches depuis plusieurs jours – cette fois ce sont les profs qui manifestent, et les habitants sont beaucoup moins compatissants ! Il semble en effet que la patronne du syndicat soit devenue une des femmes les plus riches du pays… Je me crois revenu en Argentine ! On ne verra donc pas grand chose de Oaxaca, puisqu’il faut marcher courbé en deux pour passer. Mais les villages des environs regorgent de richesses : Monte Alban, magnifique site zapotèque qui domine toutes les vallées des alentours,  San Bartolo et ses poteries noires, San Martin et ses « alebrijes », animaux fantastiques sculptés et peints de mille couleurs… on en profite !

L’arrêt chez Ford était nécessaire pour diverses raisons, mais nos amis ne peuvent pas réparer le turbo – pas grave se dit on, on le fera à Mexico… Et on repart donc pour Puebla, dernière étape avant de boucler la boucle du sud mexicain – quelques heures d’arrêt, le temps d’une balade, d’un musée somptueux (les enfants sont même contents de retrouver des objets pré-hispaniques après tant d’art colonial !) et d’une tentative gastronomique autour du « mole », étonnante sauce locale à base de chocolat et de multiples épices.

Nous revenons donc à Mexico, déposons le camping car dans un estacionamiento et retrouvons Anaïs et Andrès qui nous emmènent passer le week end à Valle de Bravo, le Côme local : l’ambiance est en effet très « lac italien », y compris la balade en Motorcraft, le Riva mexicain. C’est bien agréable, d’autant que nous faisons aussi connaissance d’amis à eux, architectes également, qui viennent de se faire construire une maison tout en béton et verre, dominant le lac, avec jardin potager sur le toit ! Nous fêtons aussi la fin du CNED ! Les enfants ont fait leur année scolaire en 6 mois, et nous venons de recevoir les avis de passage - Ouf !!!

Au musée !
De retour à Mexico, entre deux visites chez Ford, nous en profitons pour faire quelques balades, notamment au Chateau de Chapultepec, la demeure de l'empereur Maximilien,  envoyé puis sacrifié par Napoléon III, et surtout au musée d'art populaire et à sa fabuleuse boutique d'artisanat ! On croise là bas toute la créativité des mexicains (poteries, verre, sculptures, ex votos, fer blanc martelé, tissus...) et leur génial sens de l'humour décalé autour de la mort : au Mexique, tous les personnages, toutes les scènes importantes, sont mises en scène avec des squelettes à mourir de rire - on adore ! On repasse voir aussi la maman d'Andrès dans sa maison d'édition où les enfants se plongent dans les livres qu'elle édite, pour son grand bonheur. De retour le soir dans la maison où nous sommes logés, Joseph organise de grandes parties de "pinatas" avec les enfants de Mary et Bellie qui travaillent pour la famille : on remplit des figures de papier de bonbons, on les accroche, on tape sur tout cela avec un bâton en chantant une chanson, jusqu'à explosion de la figure et la chute des bonbons !

Comme je le disais plus haut, nous passons donc la semaine à attendre la réparation du turbo, et vendredi (le 10 juin), ça y est, nous repartons, heureux de reprendre la route. Mais patatras, après 2km, nous faisons demi-tour : le moteur fait plus de bruit qu’avant…  Alors que samedi matin il est évident que le week end ne suffira pas, nous décidons de partir voir les villes coloniales du Nord : quitte à être en retard, autant en profiter ! Nous venons donc de passer deux jours à San Miguel de Allende et Guanajuato (il faut entendre le GPS prononcer ces noms avec un impayable accent français), bijoux coloniaux. San Miguel est aux mains des américains en villégiature, très beau, mais un peu trop figé alors que Guanajuato déborde de fantaisie et d’énergie, avec ses mariachis à tous les coins de rue (il faut avoir entendu le mélange de My Way et de Guantenamera, les deux à la trompette, sur la place de la ville !) - Guanajuato est aussi une ancienne ville minière, sorte de Potosi mexicain, et est percée de mille tunnels désormais routiers, un vrai dédale dans lequel on se perd complètement, c'est assez amusant (jusqu'à un certain point !). Entre San Miguel et Guanajuato, nous prenons aussi le temps de nous arrêter au Sanctuario de Atotonilco où, dimanche oblige, un véritable marché de bondieuseries se tient pour les pélerins, tous mexicains : au programme, ceintures de discipline en crin et couronne d'épines ! On se croirait revenu au temps de l'Inquisition... Une petite dame demande même à Eléonore de la "parrainer" en lui achetant une ceinture de crin pour qu'elle puisse entrer dans le sanctuaire !

Demain, verdict sur le camping car, et nous espérons reprendre la route pour attraper le ferry qui nous emmènera en Basse Californie jeudi, avec 10 jours de retard sur un planning qui a déjà un mois de décalage ! Il va falloir faire des choix aux Etats Unis : ça commence à être un peu juste…

Dernière minute : décision draconnienne - il faut réellement changer le turbo, la réparation ne marchera pas. Ford fait donc venir une pièce de France, il y en a pour 8 jours. Notre timing est trop serré : nous décidons donc de partir faire un aller-retour en Californie que nous n'aurons sinon pas le temps de visiter. Retour prévu dans une semaine pour reprendre la longue route vers New York.

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