mardi 10 mai 2011

Adieu le Sud, bonjour le Nord !


Et voilà, après 5 mois passés en Amérique du Sud, nous venons d’embarquer le camping-car à Carthagène pour le Mexique, et nous avons sauté dans un avion pour Mexico. Mais reprenons le cours de nos aventures là où nous l’avions laissé, c’est à dire à notre arrivée à Carthagène des Indes, sur la côte Caraïbes de la Colombie, à Pâques.

Nous sommes donc accueillis par nos amis Pierrot-Zago (sans T final, merci !), et après quelques négociations avec les gardiens, nous garons notre vaillant Elliot au bas de leur immeuble. Nous avions connu Thomas et Peggy à Buenos Aires, où leur grande fille Dillane était la super copine de Marthe – après une demi-seconde d’appréhension en montant l’ascenseur, les filles se retrouvent comme si elles s’étaient quittées la veille, et nous plongeons dans la piscine (non sans être passé par la mer juste avant !).
Le week end de Pâques se passe en toute quiétude, entre coktails au maracuya, fléchettes, plage et/ou piscine, et quelques balades entre et sur les ramparts du « casco historico » de Carthagène, merveille coloniale. Nous fonctionnons comme Thomas et Peggy, les enfants s’entendent à merveille, les paires se forment et se transforment au gré des jeux, sans aucune dispute. Nous découvrons le régime Celiac avec Peggy : on a en effet diagnostiqué cette maladie, une intolérance lourde au gluten, à presque toute la famille – le problème, c’est qu’il y a du gluten partout, car les aliments industrialisés utilisent très souvent le blé comme base pour leurs excipients. Il faut être très prudent, car l’intestin se reconstruit très lentement, mais se détériore très rapidement au moindre contact avec le gluten. Nous avions découvert la maladie en Italie, où le dépistage infantile est systématique, alors que la France est très en retard sur le sujet. Bref, nous nous adaptons au régime, et nous réussissons même à dîner tous ensemble au restaurant autour de nos chers Ceviche, délicieuses marinades de poisson cru.

Les Pierrot-Zago sont à Carthagène car ils sont tous les deux spécialistes de l’élevage et de la transformation de la crevette, dont nous ferons force dégustations ! Après le week end de Pâques, nous partons, sans Marthe qui reste avec sa copine, pour une virée sur la côte – rien de spécial à Santa Marta ni à Taganga, si ce n’est que Joseph séduit sans le vouloir les petites filles du camping. Taganga est un petit village à la réputation surfaite, où la moitié des jeunes israéliens vient y fêter la fin du service militaire – le reste de la population est composé de vieux babas-cool sur le retour (voire franchement revenus…). Mais nous continuons quelques kilomètres plus au nord vers le parc naturel de Tayrona où les cocotiers et les plages blanches sont vraiment au rendez-vous.

Après une longue marche à travers la jungle, où nous croisons une jolie famille de singes, nous arrivons sur les plages baignables, le début du parc étant dangereux à cause des puissantes vagues qui tirent les nageurs vers le fond. La baignade est agréable, la mer transparente, avec poissons turquoises et chasse aux crabes. Le retour se fera à marche forcée, car la nuit tombe et le chemin n’est pas très balisé – nous croisons des araignées, des crabes bleus de cocotiers, des chenilles de 20 cm, des papillons immenses,  au son de la forêt, et les enfants font très bonne figure. Jeanne joue avec délice son rôle de sœur ainée en aidant et en divertissant Joseph pendant toute la randonnée. Nous dormirons au milieu des hululements magiques et plongerons à nouveau le lendemain matin dans l’Atlantique, que nous retrouvons avec joie après l’avoir laissé en Patagonie, avant de repartir vers Carthagène pour retrouver Marthe et régler l’organisation du transport d’Elliot.

En raison de l’imprécision des horaires des cargos, nous ne prenons pas le risque de monter jusqu’à la pointe nord du continent, le désert de la Guajira, qui a pourtant l’air exceptionnel avec ses plages de sable orange donnant sur la mer turquoise. En effet, nous ne savons pas exactement quand le cargo partira, et nous décidons même de changer de bateau : le premier aurait amené Elliot sur le port de Veracruz en plein week end, et nous ne souhaitons pas tenter le diable en offrant aux douaniers mexicains l’opportunité d’une visite sans nous !

Il faudra plusieurs jours pour organiser tout cela, entre retards, papiers administratifs (heureusement, nous utilisons les services d’une agence charmante qui nous aidera beaucoup dans les démarches) et surtout visite de la police anti-narcos : il faut s’assurer que nous ne transportons pas de stupéfiants. Comme d’habitude en Colombie, les policiers, lourdement armés et chargés en plein cagnard, seront pourtant charmants et très intéressés par notre voyage – la visite est approfondie et professionnelle, ils vident tous les placards et coffres, mais remettent très gentiment tout ce qu’ils touchent à sa place. Entre temps, les enfants alternent entre CNED et piscine chez les Pierrot-Zago, où les soirées continuent d’être agrémentées de coktails et de parties endiablées de fléchettes !

Finalement, jeudi matin aux aurores, ou même avant car le réveil sonne à 3h30, alors que Elliot doit embarquer dans le bateau, nous prenons l’avion pour le Mexique, avec un mois et demi de retard sur notre planning initial, et en souhaitant que le cargo soit bien arrivé ! Le voyage est sympathique, Joseph continue d’adorer les « petits guilis au zizi » que provoquent les turbulences. Nous arrivons à Mexico dans l’après midi de jeudi, gonflés à bloc à l’idée de découvrir ce pays qui nous attirait tant.
Nous avions pris contact avec Anaïs et Andres, un couple franco-mexicain de jeunes amis, en espérant les voir à Mexico – Anaïs, comme ses trois sœurs, est une ancienne élève de piano d’Eléonore, et Andrés, son mari, est mexicain et architecte.  Nous avions été à leur mariage à Paris il y a quelques années. Nous pensions passer quelques jours à l’hôtel à côté de chez eux, mais Andrés nous propose de loger dans la maison de ses parents, et de nous prêter leur voiture pour la durée de notre séjour ! Encore une fois, l’hospitalité et la générosité des gens que nous rencontrons est extraordinaire. Nous sommes donc installés à la limite de la ville, dans une magnifique maison, avec une voiture à disposition (ce qui est quand même indispensable dans cette ville tentaculaire de plus de 20 millions d’habitants), et nous passons le week end avec Anaïs et Andrés, avec leurs deux adorables petits garçons, les filles jouent aux baby sitter, Joseph au grand frère.

Première destination, le musée national d’anthropologie, qui présente la complexe histoire des civilisations de la méso-amérique depuis 2500 av. JC. J’avais visité le musée lors d’une réunion Danone au Mexique il y a deux ou trois ans et j’avais été fasciné. Nous y resterons plus de 6 heures ! Les enfants sont fatigués mais enchantés, les pièces présentées sont incroyables, en particulier dans la salle de la plus récente, de la plus organisée et de la plus sanguinaire de ces civilisations, les Aztèques – nous voyons des poteries, des pierres taillées, des costumes, des sculptures, et surtout le fameux calendrier solaire aztèque, en réalité énorme pierre autel pour les sacrifices humains quotidiens que pratiquaient ces prêtres-guerriers. C’est une parfaite introduction aux prochaines semaines, au cours desquelles nous allons passer de ruines olmèques en cités maya – nous avons hâte de découvrir tout cela, dans un pays qui nous enchante déjà. Pour faire bonne mesure, la journée de samedi est consacrée d’abord à la rencontre avec les parents d’Andrés, qui nous ont ouvert leur maison et leurs bureaux : Cristina est éditeur, essentiellement de très beaux livres pour enfants (pour les amateurs elle a gagné le grand prix de la foire de Bologne, une grande récompense dans le milieu), elle vient très souvent à Paris, en particulier chez Chantelivre où Marthe rêve de travailler ! Nous nous amusons en découvrant que nos ancêtres se côtoyaient sûrement il y a plus de deux siècles : Talleyrand pour eux, Sieyès pour nous. Après le déjeuner, nous partons tous ensemble vers le sud de la ville pour découvrir deux quartiers anciens et animés, San Angel et Coyoacàn, avec places et ruelles fleuries, maison typiques et marché artisanal traditionnel.

Dimanche enfin, après un copieux petit déjeuner typique, nous partons visiter le centre historique de la ville – il y a une marche pour la paix dans les rues, grande manifestation contre la violence immodérée qui se développe dans le pays sous l’influence des narco-traficants. Anaïs, Andres et les enfants sont vêtus de blanc pour l’occasion, même si nous ne faisons que flirter avec la manifestation, pour aller voir une magnifique exposition de photos de Flor Garduno, grande artiste mexicaine, dans l’ancien collège jésuite. Après une balade dans le centre historique, autour du Zocalo, entre la cathédrale et les ruines du templo mayor, nous finirons la journée chez un couple d’expats de Danone, amis de nos amis Lacombe, pour un apéro au Corton et au reblochon qui nous font l’effet « madeleine de Proust » !

En quelques jours, nous sommes tombés sous le charme du Mexique que nous découvrons dans des conditions parfaites grâce à la gentillesse de nos hôtes – il nous faudra revenir, car en établissant un programme avec Andrés pour nos prochaines semaines, nous réalisons qu’il faudrait 10 ans pour tout voir ici !

3 commentaires:

  1. quel périple fantastique! Merci de continuer à nous transmettre tous ces récits. On vous embrasse tous les 5

    Marie-Fred

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  2. Coucou les gênois !!!

    Quel plaisir de vous retrouver ! J'avais complètement perdu l'adresse du blog et heureusement, Olga m'a renvoyé votre adresse. J'ai loupé beaucoup, beaucoup, beaucoup d'épisodes, et je sens qu'il va falloir que je me réserve un sacré moment pour lire toutes vos aventures !

    Je vous souhaite bon vent et sachez qu'on pense à vous !!!!

    Laurence

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  3. Coucou Jeannette!
    Comment vas-tu? Les photos son sublimes et le voyage a l'air superbe.
    J'espere que tout va bien,
    Bisous,
    Clara Benaicha

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