mercredi 16 février 2011

Bolivie, terre de contrastes


Après quelques semaines sans donner de nouvelles, voilà que nous enchainons les articles ! Il faut dire que la Bolivie est d’un extraordinaire attrait.
Nous avons donc quitté La Paz, son ambassade, ses garages, ses restaus, ses boutiques de trucs et bidules en tout genre, ses magasins de laine… pour le Sud.
Après une nuit à Oruro, que le routard nous décrit comme « minière et moche » mais que nous apprécions pourtant (une jolie place coloniale, des rues étourdissantes de monde, un accueil très sympa des flics qui nous permettent de bivouaquer sur la place, sans qu’on leur donne rien, c’est le plus étonnant !), nous repartons vers Potosi, plus au sud, par une route magnifique, enfin sous le soleil – c’est un coup de chance car la pluie redouble dans le pays.
Pour ceux qui, comme nous il y a peu, sont passés à côté de leurs cours sur la colonisation sud-américaine, Potosi c’est un nœud de l’histoire. Les espagnols ont découvert en 1545 (on vous passe les légendes sur la découverte en question) que la montagne qui dominait le village était un gigantesque gisement d’argent. En quelques années, Potosi deviendra la plaque tournante de l’Amérique latine, le symbole de l’opulence (des églises baroques à profusion, une « casa de la moneda » extraordinaire où l’on battait monnaie, des couvents, des bordels – autant que d’églises paraît il – et un casino où l’on pouvait jouer sa fortune, et jusqu’à sa femme), mais aussi celui de l’épouvantable domination des colons  (8 millions d’indiens y périront sous le joug du travail forcé, dans des conditions irréelles : 1 an de travail obligatoire, 18h par jour pour tout indien de plus de 15 ans, sans sortir de la mine – la plupart n’en sortait donc pas du tout…). On raconte qu’avec l’argent sorti de Potosi (et qui financera toute l’Europe), on pourrait  construire un pont jusqu’à Madrid, mais que la voie « retour » serait pavée des os de ses victimes… Bref, quand on a vécu en Amérique du Sud, il faut connaître Potosi. Nous bivouaquons (très en pente) dans les rues de la ville (4060m d’altitude quand même), nous arpentons ses ruelles et nous finissons par visiter le musée de la mine, très bien fait : nous nous enfonçons dans un boyau pendant 500m, dans la boue et l’obscurité, en suivant un guide bien chargé à la coca et à l’alcool (96°…) pour arriver dans des salles qui retracent l’histoire et les conditions de travail de la mine, toujours en activité (14000 mineurs s’y croisent chaque jour…). C’est effrayant, et magnifique aussi (les minéraux, argent, cuivre, zinc, étain… forment stalactites et ‘mites de toutes les couleurs. Nous en sortons bouleversés par l’absurdité de cette domination sans faille et par le contraste entre misère et opulence.
L’office du tourisme nous indique que les agences d’Uyuni ne vont pas jusqu’au salar, car il y a trop d’eau, et nous décidons donc de renoncer à Uyuni (heureusement que nous avions fait un tour dans le Sud Lipez depuis San Pedro de Atacama). Après une matinée passée dans diverses églises et clochers, avec des enfants qui trainent un peu la patte avant d’admirer la cathédrale en réfection, nous partons pour Sucre.
Ouf, nous voilà à seulement 2600m d’altitude ! Les organismes respirent, y compris celui d’Elliot, notre vaillant camping-car qui n’apprécie pas vraiment les démarrages matinaux en altitude par 4°C. Changement de décor : c’est le printemps permanent. Sous le soleil, la température est agréable, mais il fait frais le soir. La ville est blanche, coloniale, et nous rappelle Cordoue ou Grenade. Re-plein d’églises, de musées, de marchés colorés, de magasin d’artisanat. Mais surtout, une rencontre formidable : alors que nous cherchions une cour d’hôtel pour garer notre péniche (7,5 m de long, 3 de haut), nous sommes abordés par Miguel Angel qui nous propose le jardin de ses parents comme lieu de villégiature. Nous voilà donc installés sur une pelouse, avec Dona Felicidad et Don Alberto aux petits soins, qui nous récurent la salle de bain, installent Internet, débranchent leur installation électrique pour que le camping car passe… Ils veulent aussi réparer la douche, installer un lave-linge, nous donnent des pommes du jardin, nous conseillent sur la cuisine locale et ses plantes aromatiques… On se croirait chez Maïa à Valensole (il y a 20 représentations de la Vierge dans la petite maison qui nous sert de salon, un chapelet sur le portail, quelques angelots en liège qui volètent …), et c’est formidable ! Nous leur offrons l’apéro (comme Maïa, Dona Felicidad appécie le Ti Punch…) et Don Alberto sort sa petite guitare folklorique, et nous parle de la tradition musicale bolivienne, et de Luzmila Carpio, très célèbre chanteuse et ambassadrice de Bolivie en France semble-t-il. C’est pour ces rencontres que nous voulions voyager, nous sommes enchantés !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire