samedi 26 février 2011

C’est la fête à la grenouille !


Il y a bientôt trois semaines que nous sommes entrés en Bolivie, et bien, il pleut depuis trois semaines… On a beau faire du positivisme à fond, là, ça commence à être un peu longuet !
Mais reprenons les choses dans l’ordre. Dans l’article précédent, nous arrivions juste à Sucre où nous avons rencontrés Don Alberto et Dona Felicidad qui nous ouvraient leur jardin – bien leur en a pris : nous sommes restés 6 jours en leur compagnie, tant pis pour le sacro-saint timing. Il faut dire que nous avons été gâtés : Sucre est une ville magnifique, toute blanche, à une altitude tout à fait décente qui lui donne un climat doux (et parfois humide…). Nous nous sommes donc promenés, un peu, et avons visité les églises, couvents, musées, marchés… comme il se doit. Notons au passage un musée du textile indigène assez incroyable, où nous admirons des femmes J’aqla et Tarrabuco en plein travail – 4 mois de tissage pour une pièce de 2 m2 environ. Avec cette visite, nous projetons d’aller le dimanche au marché de Tarrabuco, à 70km de Sucre, où tous les tissus de la région sont vendus. Nous restons donc bien sûr avec Dona Felicidad, qui propose de nous y accompagner – mais, dimanche, il pleut, donc pas de marché…

Eléonore et sa quenouille
Tous ces tissus colorés et cet artisanat donnent quelques idées à Eléonore : nous voilà donc partis jeudi matin (le 17 février) pour le marché « campesino », c’est à dire le véritable marché local de Sucre, et nous revenons avec, outre les kilos de patates andines, fèves et locoto (un piment bolivien), 2 kg de laine fraichement tondue d’un vieux bouc des alentours (on le reconnaît à l’odeur…). Et nous voilà à éplucher toute cette laine de ses saletés (je vous passe les détails), à la laver à grande eau, à la faire sécher et à la ré-éplucher – tout cela nous prendra 2 jours, et samedi, Felicidad débarque dans le jardin avec quatre petites dames quechua, qui baragouinent trois mots d’espagnol, pour apprendre à Eléonore à filer toute cette laine – et le miracle s’accomplit : avec un petit fuseau de rien du tout et un geste ancestral, la laine s’enroule, se double, se tortille jusqu’à l’obtention d’une très grosse pelote – Eléonore a compris le truc, fournit son quota, et embarque le reste de la laine vierge pour animer les longues après midi de route (sous la pluie). Felicidad congédie manu militari trois des petites dames pour nous laisser en compagnie de la dernière, Dona Francisca, qui a été la meilleure enseignante de la journée – nous la remercions vivement, avec force promesses de se revoir (nous devrons revenir en Bolivie, c’est décidé, mais en juillet, quand il ne pleut pas).
Enfin, dimanche sonne le départ – embrassades, émotion, échange de mails et de cadeaux : Felicidad couvre Eléonore de cadeaux, dont un merveilleux et très chaud châle en bébé alpaga – il faut dire que c’est son anniversaire le mardi suivant, 22 février, et que Felicidad se rend compte que son papa est mort à l’instant précis où Eléonore naissait – ce n’est plus le hasard mais le destin qui nous a mis en contact, c’est certain, et nous nous reverrons.

Dîner de gala !
Dimanche 20 donc, nous remontons vers Potosi. Comme nous connaissons la ville et ses ruelles en pente où il n’est pas facile de dormir, nous décidons de pousser jusqu’à une auberge mentionnée vaguement par le guide du Routard, à une quinzaine de km de Potosi. A nouveau, grande surprise ! Le Routard n’a pas du y mettre les pieds depuis longtemps : ce n’est pas une auberge qui nous attend, après quelques kilomètres de piste au milieu d’une riche vallée, mais une « casona » du XVIème siècle, d’une splendeur et d’une richesse inouïes. Après le pillage organisé par Belgrano, le Libertador argentin, les marquis sont restés sans le sou mais avec une collection d’œuvres d’art incroyable. Au début du XXème siècle, la maison est rachetée par un français qui fait fortune dans la mine, et ce sont ses descendants qui nous accueillent et nous font visiter. Impossible de ne pas tomber sous le charme, à la fois du lieu et de ses occupants, Arturo et « Coca », qui ont vécu dans la moitié du monde avant de revenir à Potosi s’occuper de l’hostal et de quelques enfants du coin qu’ils élèvent comme les leurs. On se lie d’amitié, les repas sont pris ensemble, et lundi 21 au soir, dîner de gala pour l’anniversaire d’Eléonore, dans la salle à manger antique, sous les regards de quelques saints peints depuis des siècles – incroyable ! Nous refaisons le monde (et la Bolivie de M. Evo) jusque tard dans la nuit, avec Arturo, Coca et Keith Richards (non, ce n’est pas lui…), un anglais installé à La Paz, que nous ramènerons à Oruro le lendemain. Au programme de ces deux jours, cuisine bolivienne, visite historique des lieux, baignade nocturne dans un lac (el « Ojo del Inca ») dont les eaux sont à 30°C, tout cela à 3500m d’altitude.

Jeanne continue avec pugnacité à réclamer un chien, car elle se lie avec tous ceux que nous rencontrons au fur et à mesure du voyage (cette fois c’est Whisky, le chien de Coca – elle décide d’ailleurs que le sien s’appellera Ti Punch…) – mais nous tenons bon !

La route pour Oruro est magnifique mais éprouvante : régime de grains et 5000m, mais nous arrivons sans souci avec l’idée de repasser la nuit sur la place où nous avons bivouaqué quelques jours auparavant. Et nous contactons Patricia, rencontrée par les Corbasson l’année dernière, qui est ravie de retrouver le camping-car et une autre famille de français – nous prenons un pot ensemble et catastrophe, Eléonore se fait piquer son sac par le musicien de service. Après quelques péripéties (annulation de carte bleue, recherche du voleur que le mari de Patricia a identifié mais qui bien sûr ne sait rien, changement de lieu de villégiature car les clés du camping car étaient dans le sac…), nous dinons avec Patricia. Et le matin, frayeur et étonnement : quelqu’un aurait trouvé le sac dans une poubelle, avec la carte de l’hôtel où Patricia travaille, et nous propose de le ramener : on retrouve nos papiers argentins, une vieille carte d’identité (mais pas la plus récente), les clés du camping car (soulagement), mais pas les i-Pod (grrrrr) ni les lunettes de soleil (re grrrr, mais bon, elles ne servent pas beaucoup en ce moment !). Et quand on dit au gars qu’il y avait une carte visa, mais qu’on l’a annulée, il file soit disant vers la poubelle magique et retrouve la dite carte bleue ! Comme son copain était la veille avec le musicien-voleur, nous n’avons pas beaucoup de doute : il est complice, et a voulu chercher une récompense. Il s’en tirera avec 40 pesos, car nous voulons éviter à Patricia qui nous a aidés toute la journée des soucis par la suite. Nous prenons vite un taxi pour revenir au camping-car, car nous avons peur que des complices aient fait un double des clés, et nous quittons Oruro dare dare : mauvaise expérience, mais qui nous a permis de rencontrer des gens si chaleureux – dans l’aventure, Patricia aussi nous couvre de cadeaux, souvenirs du carnaval qui se prépare pour la semaine prochaine, et qui est le plus grand d’Amérique du Sud après celui de Rio.

Nous voici donc revenus à La Paz (sous la pluie…), devant l’ambassade pour dénoncer le vol de la carte d’identité – nous avons choisi le lieu car il est bien gardé : j’ai vérifié, le gars est bien là, au chaud dans sa cahute, et dort comme un bienheureux !

Après deux faux départs pour le Pérou, le premier pour cause d’embouteillages à La Paz et le deuxième pour cause de grève nationale des transporteurs (nous n’avons pas osé forcer les barrages, même si les gars étaient apparemment sympas, de peur de prendre des pierres dans le pare-brise), nous voilà donc quittant la Bolivie, après une ultime nuit passée, comme d’habitude, devant chez Jérôme et Helga, nos amis de l’ambassade qui continuent à nous traiter comme des rois ! Passage de frontière amusant et arrivée ce soir à Puno, sur les bords du lac Titicaca, où nous retrouvons l’hôtel où nous étions passés l’an dernier lors de notre voyage avec les Corbasson. Demain, direction Cuzco pour quelques jours dans et autour de la ville, avec le Macchu Picchu en ligne de mire, sans doute encore sous la pluie – nous savons déjà que le camping de Cuzco est hors d’état (un camping car évacué par grue à cause de la boue !)

2 commentaires:

  1. Joyeux anniversaire Eléonore!
    Jeanne, tu me manques beaucoup! je t'aime!
    Clarita

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  2. coucou la famille,
    comme a notre habitude nous sommes un peu lent et arriverons donc samedi en Argentine (pour le carnaval de Tilcara).
    Apres mure reflexion et consultation du temps bolivien, nous decidons de rester 2 a 3 semaines de plus en Argentine pour travailler dans une ferme, nous suivons donc vos traces mais beaucoup plus lentement.
    On espere toujours vous revoir un jour tout de meme ou que ce soit.
    bonne route a vous.
    julie

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