mardi 8 février 2011

Chili, le grand Nord


Nous avons laissé le blog il y a plus de 10 jours, à notre entrée dans le désert d’Atacama… et nous y sommes toujours !
Heureusement, nous avons regardé en famille un épisode de « C’est pas sorcier » sur le désert d’Atacama, qui nous a éclairé à défaut de nous mettre au vert… Des histoires très compliquées de nuages qui convexent au dessus de zones plus ou moins chaudes ou froides, ou humides ou sèches, je ne sais plus très bien, pour arriver à la conclusion que oui, à défaut d’être très chaud (on supporte très bien une petite laine), ce désert-ci est vraiment très aride (merci, on avait bien compris sur place !!) – en deux mots, tous les nuages passent au dessus et il ne pleut que sur les Andes.

Nous avons donc commencé notre balade dans le coin par une visite très mémorable de l’observatoire de l’ESO au Cerro Paranal, grâce à Henri, de passage. Le site est extraordinaire (Joseph voudrait arrêter le voyage là et s’installer au Paranal – nous serons un peu déçus en comprenant que c’est plus pour la piscine de la résidence des astronomes que pour son intérêt pourtant réel pour les étoiles…), les télescopes sont gigantesques et les détails d’une précision diabolique – il faut corriger les perturbations engendrées par les pompes des systèmes ultra-sophistiqués qui eux-mêmes corrigent d’autres perturbations ! !  Le lieu est extraordinaire de jour, même si les conditions météo ne sont pas parfaites – au reste, les télescopes n’ouvriront pas cette nuit là. Nous pensons nous rattraper à San Pedro où un français a installé un superbe observatoire pour les touristes, dans ces lieux réputés pour avoir les cieux les plus clairs de la planète, mais nous allons un peu déchanter car le ciel restera couvert toute la semaine, sur les Andes. C’est « l’hiver altiplanico », autrement dit la saison des pluies, et il est particulièrement corsé cette année : pas d’étoiles donc… Au Cerro Paranal, le frigo du camping-car tombe en panne – je m’inquiète, m’insurge contre le fabricant, mais nous sommes juste tombés, comme des bleus, en panne de gaz… Le diable est vraiment dans les détails !

Ceci dit, les journées à San Pedro de Atacama sont quand même chargées et pour tout dire, assez exceptionnelles, même si le flux ininterrompu de touristes nous pèse parfois un peu. Jugez plutôt : mercredi 26, arrivée à San Pedro où nous passons l’après-midi avec Pauline, la marraine de Jeanne, en voyage nord-sud. Nous trouvons un camping, car nous savons que nous passerons plusieurs jours sur place. Jeudi 27, tournée des agences d’excursions, puis balade à la laguna Cejar, plus salée que la mer morte – on rigole bien en flottant tous – puis coucher de soleil à la vallée de la lune, au milieu des 450 autres touristes. Nous rencontrons Rodrigo, un guide indépendant avec qui nous passerons 2 jours, pour éviter ces hordes de touristes. Vendredi 28, départ, en camping car et avec Rodrigo pour quelques lagunas (des lacs de haute montagne, à 4600m d’altitude), à 150 km (de tôle ondulée…) de San Pedro, en dehors des sentiers battus. Le camping-car joue son rôle d’essoreuse à salade et nous décidons de voir les geysers le samedi avec un 4x4 (et Rodrigo) – grosse déception tout d’abord, les geysers ne sont pas très spectaculaires (on s’est levés à 4h du mat car ils ne jaillissent qu’au lever du soleil, le tout à 4300 m !), mais Rodrigo nous emmène voir des flaques de boue de toutes les couleurs, magnifiques. Retour tardif et diner avec un improbable couple germano-colombien qui voyage avec une fille de 12 ans et 3 chiens !!! Dimanche, grasse mat et messe dans la très jolie église de San Pedro. Lundi, journée magique en Bolivie, en 4x4, près des Lagunas coloradas, blanche, verte et rouge et peuplées de flamants roses par milliers – il faut regarder les photos, c’est vraiment facile de se prendre pour un photographe là bas. Nous qualifions cette journée de « choc », comme le furent les baleines de la Peninsula Valdès ou le Torres del Paine (et, pour ceux qui suivent le blog en détail, le Bosque Petrificado argentin, du moins certains le pensent). Choc surtout pour Joseph qui ne supporte pas très bien le séjour au dessus de 4900m – nous achèterons de l’oxygène pour nos prochaines escapades en altitude – on est quand même au dessus de Mont Blanc !
Nous pensons partir mardi, mais nous sommes retenus par notre sociabilité ! En effet, nous avons rencontré Marie et Pascal, du Québec, et Laurent et Nathalie, de Chambéry avec qui nous dînons – prouesses culinaires de Madame, comme d’hab ! Et c’est sans compter l’arrivée de 2 familles chiliennes très sympathiques et pleines d’enfants…  Nous sympathisons et quittons finalement San Pedro mercredi 2 février, au milieu d’une procession à la Vierge de la Chandeleur, manifestement patronne du village – on se croirait à Rio pendant le carnaval, les filles sont aussi court vêtues, mais tout ce monde là termine à l’église, avec tambours et trompettes.
Notre idée initiale était, après avoir écumé les richesses aux alentours de San Pedro, de passer en Bolivie en montant au passage suivant, en partie asphalté, vers Uyuni et son incroyable salar – l’an dernier, les Corbasson, avec le même camping car, avaient traversé directement à travers le désert avec un guide en 4x4, mais je sais que je n’apprécierai pas le voyage, donc nous serons raisonnables. Sans doute à juste titre d’ailleurs, car « l’hiver altiplanico » étant, on l’a vu,  particulièrement sévère cette année, les salars sont inondés, et il n’est pas question, nous disent les carabineros, de passer par Ollagüe : ils ont coupé l’accès, et il faudra attendre 4 ou 5 jours après la fin des pluies pour ré-ouvrir – on risquerait au mieux de rester bloqués dans la boue, au pire dans le salar, en bousillant tout ce qui se corrode : joints, tuyaux… avec le sel.
Nous devons donc prendre notre mal en patience et décidons de faire le grand détour par l’extrême nord du pays avant de redescendre vers Uyuni, Potosi et Sucre – 1500 km de détour (nous venons de franchir le cap des 10.000 depuis notre départ). A quelque chose malheur est bon : le détour nous permet de passer par Chuquicamata où nous visitons la mine de cuivre la plus gigantesque du monde (un petit trou à ciel ouvert de 1000m de profondeur, et de 8 km par 3…), et sa ville fantôme (jusqu’en 2004, 25000 personnes y vivaient, à 500m de la mine, alors qu’on nous contraint à porter des vêtements longs pour une visite d’une heure, car « l’arsenic dans l’atmosphère pourrait vous irriter » !!!) – le gigantisme est assez irréel… Et puis, halte obligée de 3 nuits à Iquique, station balnéaire à mi-chemin entre La Baule et Palavas les flots, pour des raisons d’intendance : vendredi après midi, au moment de repartir, un témoin s’allume sur le tableau de bord : il faut faire nettoyer le système d’admission du moteur, encrassé par la qualité du diesel et de l’huile.

Malgré tout, nous sommes bien décidés à faire ce détour par la Bolivie et ses merveilles, Uyuni et son Salar, Potosi et sa mine d’argent qui a fourni l’Europe et financé la révolution industrielle, et Sucre, admirable ville coloniale et véritable capitale du pays. Tant pis pour les délais ! Nous pensons néanmoins être dans les temps pour être à Carthagène en Colombie fin mars, et entrer aux Etats Unis fin mai.

Dernière minute, le 8 février : nous avons réussi à passer en Bolivie, mais le problème moteur recommence, et il n’y a plus de Ford ici ! Et il n'arrête pas de pleuvoir... Mais le moral est bon ! Les vraies aventures commencent…

1 commentaire:

  1. il est vrai 10 jours sans nouvelles c'est long, mais contrairement à vous nous étions à la montagne
    sans beaucoup de neige cette année.
    j'ai repris mes lectures de voyage avec autant de plaisir et suis avec intérêt la progression de vos
    pérégrinations
    bises a vous 5

    katia - silvano

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